La Petite Venise

Ambiance © GP

C’est un lieu hors pair, au coeur du quartier le plus touristique de Colmar dont on vous a parlé à ses débuts: et ce n’est guère un établissement attrape-touriste. Le jeune et fringant Julien Schroeder, passé chez Patrick Fulgraff côté traiteur et à l’Auberge de l’Ill, a choisi là la voie de la modestie, mais avec passion, précision et ferveur, relayé par l’exquise Virginie Butterlin, ancienne de salle, elle, de chez JYS, l’étoilé de la ville, qui est quasiment en face. Lui est de Sélestat, elle de Wettolsheim. Ils ont créé là un petit chez eux plein de drôlerie très cosy – « heimlich », comme à la maison, comme on dit en Alsace.

Souvenirs © GP

Les bonnes tables et les lieux chics, comme les haltes de charme abondent dans le secteur. JYS, on l’a dit, est de l’autre côté de la rue, les Trois Poissons dans le prolongement, l’Epicurien pas très loin, Wistub Brenner est quasiment la porte à côté, sans omettre le Maréchal, hôtel historique, avec vue sur la rivière, et le Colombier, auberge plus design, avec ses toutes neuves suites dans une demeure à part qui le cernent quasiment. Autant dire qu’on est là au coeur des choses. Que les visiteurs éblouis du vieux Colmar qui, dorment non loin et découvrent, émerveillés, cette cité que Romain Rolland présentait à un de ses amis allemands comme « l’une des plus belles du monde« , viennent ici tout naturellement et y côtoient les gens de la ville, découvrent avec ravissement ce décor de stub chic fabriqué, bricolé, pomponné avec amour.

Plafond © GP

Il y a là les bidons de lait au plafond, les vieux skis, les souvenirs d’autrefois, notamment ceux de la Libération de Colmar, accrochés et encadrés en noir et blanc. Danielle, la charmeuse et brune serveuse, qui supplée à l’absence de Virginie pour cause de grossesse, confère un air de séduction latine au service, conseille au pinot blanc plutôt « rond » sinon « doux » d’Ehrardt à Wettolsheim ou plus sec de chez Schlumberger à Guebwiller en sa cuvée des Princes Abbés qui se mariera avec la cuisine rustico-sophistiquée ici servie avec minutie qui se détaille au gré de l’ardoise et se complète avec les suggestions du jour.

Foie gras © GP

Rascasse et risotto © GP

Jambonneau sauce raifort © GP

Roigrebageldi © GP

On aime, sans mal, la salade aux copeaux de munster, le foie gras d’oie servi sur ardoise et flanqué d’une confiture de figues, rascasse poêlée sur son risotto Arborio à peine crémeux et demeuré al dente, jambonneau sauce raifort escorté de crudités ou/et de roïgebrageldi – ces merveilleuses pommes de terre moelleuses cuites dans la cocotte en fonte comme en vallée de Munster, plus une fraîche salade mélangée et parfumée au Melfor: l’enfance de l’art? Oui, mais avec maîtrise, précision, rigueur.

Tarte à la fraise © GP

Kougelhopf glacé © GP

On ajoute, pour les desserts, la tarte aux fraises avec sa confiture de groseille, le kougelhopf glacé venu chez artisan voisin ou encore le vacherin glacé et les douceurs de saison (tarte aux quetsches, faisselle et son coulis de fruits). On passe ici un moment doux et agile qui donne envie de se blottir dans le coeur du vieux Colmar. Ah oui, quelle est la belle et savoureuse la jolie ville d’Hansi!