Beau-Rivage Palace
« Lausanne: quel Beau Rivage! »
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Depuis le balcon, rien d’autre que le spectacle des Alpes françaises en majesté. Ah, mais si: il y a aussi le lac en contrebas, le petit port d’Ouchy, le débarcadère, les bateaux-croisières, l’hôtel grandiose avec ses deux immeubles faux jumeaux, sa rotonde, la verdure, les terrasses.
Le Beau Rivage? Vaste programme, eût-dit le Général. C’est à la fois un site unique sur le Léman et un premier palace, inauguré en 1861. Ses grands salons aux fresques Louis XVIII abritent des bals fastueux. L’hôtel, avec sa dépendance dite du Chalet, bâtie trois ans plus tard, devient l’un des plus modernes pour l’époque. On l’agrandit en 1908 d’un bâtiment baroque relié par une rotonde au bâtiment d’origine. Le peintre zurichois Haberer s’applique à une fresque en son sommet qui perdure.
Les lustres viennent de la maison Thiébaud à Paris. Le styliste Chiara réalise les vitraux qui ornent la cage d’escalier, sur le modèle de ceux du Ritz à Paris. Dire que l’hôtel est définitivement lancé est peu dire: le Beau Rivage « est » Lausanne. Ouchy, en pays protestant, apparaît comme la capitale des plaisirs et son palace privilégié en constitue l’épicentre.
Un siècle plus tard, rien n’a changé: avec force millions (suisses) injectés dans une somptueuse rénovation par la famille (et la fondation) Sandoz, cet hôtel somptueux a retrouvé tout son chic Belle Epoque, se modernisant sans perdre son cachet, son identité, sa chaleur et sa beauté. On va toujours autant au Beau Rivage qu’on va à Lausanne, capitale olympique, centre de congrès, carrefour bancaire et gourmand, mini-métropole de la Romandie.
Mais la vaudoise Lausanne a toujours su garder un air de village. C’est au Beau-Rivage qu’elle met ses gants de soie et ses habits du soir. Les suites Somerset Maugham ou Paderewski impressionnent. Comme le souvenir de Georges Simenon ou de Coco Chanel qui choisirent de passer là leurs derniers jours. On signa ici les accords qui mirent fin à la guerre italo-turque, en 1912, et l’on a conservé avec soin le cimetière pour chiens, si prisé des résidents qui louent des chambres à l’année.
Les balcons de fer forgé de la façade sud ont retrouvé, sablés, zingués, repeints, leur éclat premier. Le crépi de la façade, côté lac a été lavé à la main. Jeune, le Beau Rivage est comme Lausanne, qui ne vit pas qu’en été, au fil des déambulations des retraités sur la rive.
Moins ennuyeux qu’on ne l’imagine, d’un palace et d’une ville suisses, le Beau Rivage donne le ton du mouvement des choses. Et toute la ville s’y donne des habits de fête, s’y fait fête de gourmande façon en son Café Beau Rivage, mange japonais au Miyako et déguste la cuisine d’Anne-Sophie Pic dans la belle annexe ouverte ici par la virtuose trois étoiles de Valence.
On ajoute son service plus que parfait, la réception, avec la Clé d’Or d’exception Sylvie Gonin, qui connaît tous les secrets de la ville et les livre avec bonne humeur. Bref, le Beau Rivage n’est pas seulement un hôtel, pas uniquement un palace et pas qu’un monument: voilà une vitrine suisse et lausannoise qui sait sourire et accueillir en toutes langues.
Elle joue la remise en forme au Spa 5 Mondes, avec un staff émérite de masseuses expertes, plus une piscine double, couverte et semi-couverte, qui en fait un havre de repos à côté du mouvement de la ville. Autant que cette grand dame de l’hôtellerie plus que centenaire se donne des airs d’éternelle jeunesse. Et notamment dans son neuf bar lounge au comptoir lumineux. Voilà un lieu intemporel, éternel, helvète, si actuel!