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Lausanne ou le milieu du monde

Article du 28 août 2012

Place de la Palud © GP

Drôle de ville, perchée sur trois collines, montueuse et bancale, avec son air de ne pas vouloir se faire voir et cette quinzaine de musées, fondations et palais qui drainent les visiteurs de tous les continents. Discrète, Lausanne, comme on attend d’une ville vaudoise, par ailleurs capitale de la Romandie, cité de culture, d’édition, de réflexion? Vous n’y êtes pas! L’université draine une jeunesse qui sait s’amuser, truste les ruelles pentues autour de la place Saint-François et de la Cathédrale, investit le Café Romand, millésimé année 1951, dérive jusqu’au Grütli, près de la place de la Palud, renouvelle ses plaisirs au neuf quartier du Flon dont on va reparler.

La cathédrale © GP

Siège de banques nombreuses – on est en Suisse, n’est-ce pas, où se compte un établissement de crédit et de dépôt pour 1200 habitants -, mais aussi du CIO, Lausanne a su développer un esprit olympique dans toutes les parties de la ville. Ce genre qu’elle se donne, d’être à la fois le repos de l’Europe et le milieu du monde, s’illustre aussi bien avec son grand parc nommé « Mon Repos » qu’avec les rives d’Ouchy, son faubourg chic, qui abrite terrasses et palaces à fleur de lac, drainait l’autre week-end une compétition intrépide de triathlon, mais aussi vers Vidy où, à côté du musée romain et du site de l’antique Lausona qui jouxte l’avenue Pierre de Coubertin, se trouve le palais de verre et de marbre du CIO.

Le Lausanne-Palace © GP

Vedette de ses musées si nombreux (l’Hermitage, d’où Corot peignit le lac, le palais Rumine aux allures néo-florentines qui abrite le musée cantonal des Beaux-Arts, mais aussi de zoologie, de la pipe et du bois, de la cathédrale, de l’ancien-évêché, de l’Art Brut, conçu par Dubuffet, de paléontologie, des Arts Déco ou de l’Elysée), le musée Olympique est ouvert depuis 1993, dans un beau parc faisant face aux rives du  Léman. On s’y passionne, à l’américaine, pour la saga des héros. On y peut revoir les exploits de Bob Beamon ou de Jesse Owens, de Toni Sailer ou de Jean-Claude Killy. 200.000 visiteurs par an: c’est plus que la population de cette ville, sise au milieu du monde. Dernièrement, Usain Bolt est venu y défier à nouveau les lois de la vitesse sur 200 m.

Le Beau Rivage © GP

Le paisible faubourg d’Ouchy, qui s’anime aux beaux jours et en fin de semaine, avec les promenades incessantes face au lac, y possèdent aussi les plus belles haltes. Le Beau Rivage, avec ses belles chambres de palace rénovées, ses pensionnaires à demeure toute l’année, ses vues splendides sur le Léman, son mythique cimetière pour chiens (il existe toujours, en bout de parc avec ses petites plaques, même si on n’y enterre plus les toutous depuis 1931), y tient, évidemment, la vedette. Il a su se rénover avec intelligence, mariant les usages modernes comme l’air conditionné (en sa partie moderne dite « palace » « datant de 1901) avec le charme d’antan.

Le château d’Ouchy © GP

C’est une halte de grand charme face aux Alpes enneigées. Il y a encore le château d’Ouchy face aux eaux moirées du Léman. Et l’Hôtel d’Angleterre, annexe du Beau Rivage, offrant une alternative sage et design, comme plus central le Lausanne-Palace, à deux pas des banques et du monumental Hôtel des Postes aux airs de palais. Edward Gibbon y habita jadis – c’était encore une « Grotte » – et y rédigea « la Chute de l’Empire Romain ».

Au Café Romand © GP

« Le Léman, cet encrier où tant d’écrivains ont trempé leur plume« , dixit Paul Morand – qui habita non loin à Vevey, au château de l’Aile-, y vit la dernière retraite – au Beau Rivage – de ce géant des lettres qu’est George Simenon. Au vaste cimetière communal, repose Coco Chanel, qui habita jadis près de l’Hermitage. Carrefour et grand repos, havre et centre culturel, Lausanne n’abdique aucune de ses vocations, pourvu que celles-ci la situent toujours au coeur tranquille d’un monde mouvant.

Au quartier du Flon © GP

Elle trompe son monde. On la croit sage. Mais elle s’affirme alternative, dans une série d’anciens docks au pied d’une rivière asséchée. Au quartier du Flon, les entrepôts classés ont été revus en lofts colorés, boîtes de nuits électros, bars branchés, voire gourmands. Elle s’amuse à toute heure, reçoit après minuit. Ne se contente pas d’accueillir le beau monde dans ses musées, elle joue à terrasses ouvertes et fait la fête en toute saison.

Les concierges du Beau Rivage, dont Sylvie Gonin, reine des Clés d’Or © GP

Sa vraie nature se livre au visiteur qui accepte de se plier à son rythme. On la croit dolente, elle est curieuse autant que joyeuse et souriante. Elle rassemble salle d’opéra, de danse avec le ballet Béjart, espace théâtral européen. On n’oublie pas de dire que la librairie Payot est le plus vaste espace francophone voué aux livres, hors l’hexagone.

Café du Grutli © GP

Le charme lui est donné de nature. Une ville pour un week-end ? Plutôt, une cité pour une vie. Ou plusieurs.

Une terrasse au Flon © GP

Office du Tourisme de Lausanne, 2 Av. de Rhodanie, CP49, 1000 Lausanne 6. Tél: + 41 21/ 617 73 21. www.lausanne-tourisme.ch

A propos de cet article

Publié le 28 août 2012 par

Lausanne ou le milieu du monde” : 2 avis

  • Ju

    « Le charme lui est donné de nature. Une ville pour un week-end ? Plutôt, une cité pour une vie. »
    Pour avoir vécu 6 mois à Lausanne je rejoins totalement ce commentaire, quelle ville merveilleuse, calme et agréable, où l’on y mange bien, on y boit bien , les gens ont l’air heureux et sont agréables ! Il n’y a pas de raison particulière pour y aller, mais pas de raison d’en repartir.

  • Bonjour Gilles,
    Hasard ou prescience ?
    Le Milieu du monde (au passage un film d’Alain Tanner de 1971) est bien en Suisse, et pas loin de Lausanne: à même pas 30 km, à Pomplades, vers Orbe, là où la ligne de partage des eaux écartèle un ruisseau entre la Mer du Nord et la Méditerranée et où le restaurant du village (http://lerestodusamedi.blogspot.fr/2012/04/le-milieu-du-monde-escapade-gourmande.html) qui se nomme ainsi – et a peut-être inspiré Tanner – mérite le voyage, ne serait-ce que pour la poésie du « dépaysement » .
    Merci pour vos chroniques qui nous font voyager avec envie
    Le Resto du Samedi

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