Crans-Montana: une montagne à croquer
Ce fut longtemps le Beverley Hills, sinon le Los Angeles des Alpes, mais aussi le Manhattan du Valais, voire Béton-sur-Sierre. Crans a vu les constructions proliférer, les hôtels jouer les gratte-ciels – ainsi l’insolite Crans-Ambassador en équerre, avec ses trois buildings en trident défiant les montagnes. S’alliant à sa voisine Montana, annexant les proches villages de Bluche, Randogne, Chermignon, Aminona, elle fait son retour à l’esprit alpin depuis quelques années.
Ce gentil monstre, avec ses boutiques de luxe, ses échoppes gourmandes, ses résidences à foison, ses chalets un peu trop élevés, mais aussi ses lacs et ses sentiers balisés qui permettent de croire, au coeur de la ville, qu’on se trouve entre Alpage et forêt, fait valoir à bon droit sa qualité de vie, son bon air, ses deux golfs, le Ballesteros, si panoramique, avec ses dix huit trous accueillant toutes sortes de compétitions de prestige et le Nicklaus à 9 trous.
Reste que ce défi lancé aux Alpes, où tout y est plus grand, plus haut qu’ailleurs, joue désormais la carte des chalets de charme et du bois chaleureux. La montée vers Bella Lui ou Chetzeron, la vue sur le Wildhorn et la Wildtstrubel, les lacs Grenon ou Miriouges, les denses forêts entre Plans Mayens ou l’Arnouva offrent autant d’occasions de s’évader ici vers ailleurs. A quinze cent mètres d’altitude, sa situation est évidemment privilégiée. Elle est perchée dessus de jolis villages vignerons, tels Corin ou Miège. Si l’on descend vers Chermignon, c’est le Valais d’autrefois, ses toits de lauzes et ses demeures de bois ou de pierres grises, qui ressurgit.
Ici, les demeures d’habitation ont poussé comme des champignons et tout le monde a voulu sa place sur le plateau ensoleillé. Aujourd’hui accolé à Montana, Crans compte près de 60000 personnes en haute saison. Autant dire la deuxième ville de Romandie! On y pratique le ski alpin et de fond l’hiver, le vtt, comme le golf de compétition et la randonnée de juin à octobre. Les hôtels se couvrent de fleurs aux beaux jours. Le béton a été peu à peu recouvert par le bois. La station fait, désormais, son retour aux Alpes.
Il y a ces routes asphaltées que parcourent Mercedès et BMW en folie, ces belles adresses hôtelières neuves et de luxe, qui se nomment le Crans ou le Guarda Golf, comme ces tables bonhommes, comme la Désalpe ou le Mayens. Et l’on peut aussi trouver là une alternative à la proposition d’Alphonse Allais qui voulait édifier les villes à la campagne. Cette ville-ci a été construite à la montagne, sans perdre de son cachet. Son nouveau pari: celui de la gourmandise: sous la houlette du provençal devenu Valaisan, depuis dix huit ans, Franck Reynaud, de l’Hostellerie du Pas de l’Ours, elle vient d’organiser son premier « pique nique des grands chefs« .
On a bu – c’était hier- les vins de Joël Briguer de la cave la Romaine à Flanthey, ceux de Pierre Robyr à Corin ou ceux encore de Patrick Regamey dans son domaine insolite nommé Histoire d’Enfer, sans omettre la williamine de Morand à Martigny. Et c’était pour accompagner dignement les mets de soleil et de saison, d’amour et de passion de Franck, le Provençal si joliment rallié au Valais: la soupe glacée de tomates « rose de Berne » comme un gaspacho, le tartare de truite et d’écrevisses à l’achée des montagnes, le sérac aux épices et au safran de Mund, la joue de boeuf à l’humagne mariée à l’entrecôte au beurre d’herbes des ours, avec ses pommes de terre aux champignons, sans omettre la jolie pièce de veau grillée aux bolets et aux abricots de Saxon exquisement snackés.
Face à l’alpage de la cabane d’Erwin, sur les hauts de Plan-Mayens, c’était comme une manière de saluer la gourmandise naturelle de Crans, son bel appétit. Que couronnaient les beaux fromages d’ici: la tome d’alpage à la confiture de cassis au poivre ou la terrine de chèvre au serpolet. Avant la soupe de pêche à la menthe et framboise de Nendaz, le crémeux de kalamansi aux figues, les baies des bois au gelée de génepi et la splendide composition tout chocolat. Un Valais magique et gourmand dans une ambiance civilisée, une façon raffinée de croquer la montagne… sans se lasser!
Crans-Montana Tourisme, Case Postale 372/3963 Crans-Montana. Tél. + 41 (0) 27 485 04 04. www.crans-montana.ch
Bravo à vous Gilles pour cette belle restitution du cadre « cransois », petit bémol, la terrasse du Sporting, club house du golf, qui, dès le 15 aout, est bouchée par les tentes et autres gradins détériorant la vue et l’ouie, afin d’accueillir l’European Master, qui n’a de master que le nom!
Dans tous les cas un « Haut Plateau » à découvrir ou redécouvrir.