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Le Pressoir de Bacchus

« Blienschwiller : le Pressoir de Sylvie »

Article du 4 août 2012

Sylvie Grucker © Maurice Rougemont

Elle est la star non dite de son village vigneron, la seule chef alsacienne « couronnée » d’un bib gourmand, celui du bon rapport qualité et de la gourmandise soignée. Sylvie Grucker qui officie au Pressoir de Bacchus à Blienschwiller, joue la création au jour le jour, comme l’Alsace dans tous ses états. Elle vaut le coup de chapeau pour son dynamisme, sa ferveur, son enthousiasme, son sérieux dans une région assez machiste.

La salle © Maurice Rougemont

Ex-héritière d’une dynastie fameuse (son père, Désiré Schaetzel, possède le Clos des Délices à Ottrott, son oncle Ernest est le patron de l’Hostellerie des Châteaux et du Beau Site d’Ottrott), elle a choisi de créer son petit empire avec son sommelier de mari, Gilles, strasbourgeois d’origine, ancien de cuisine de chez Mischler au Cheval Blanc à Lembach.

L’ardoise © Maurice Rougemont

Sylvie, qui a choisi le chemin inverse, fut d’abord en salle à Chamonix, notamment au fameux Albert Ier de Pierre Carrier, avant de devenir la chef de la maison  paternelle. Depuis une décennie, elle a fait d’une winstub de la route des vins une vraie bonne table. Le lieu a du charme, jouant la sobriété plus que le folklore. Les gravures passe-partout d’autrefois ont été remplacées par des toiles modernes, les banquettes couvertes de coussins, les chaises en bois, les tables bien mises avec leurs nappes claires ont du caractère.

Jouet à l’ancienne © Maurice Rougemont

A l’ardoise et à travers les propositions de Gilles, sont mis en valeur les meilleurs flacons des bons faiseurs locaux. Muscat, sylvaner, riesling sont vendus à bons prix. Le pinot noir de Bohn, pour n’en citer qu’un, est une petite merveille de rondeur, de fraîcheur et de fruit, faisant figure de belle affaire. On n’oublie pas de souligner que les prix de la demeure sont sages, que les registres –créatif ou traditionnel- s’entremêlent avec sagacité et tout le monde ici trouvera son bonheur à travers des propositions guillerettes, des plats de toujours, des idées du moment.

Ravioles de carpe © Maurice Rougemont

Escargots de papy Raymond au beurre d’ail flambés à l’anis, presskopf avec sa vinaigrette moutardée, choucroute aux cinq viandes ou aux poissons sont d’un classicisme revigorant. On soulignera que Sylvie, qui va régulièrement prendre des cours à l’école Ducasse, a affiné sa manière. Sa cassolette de champignons et escargots à la fine crème d’ail doux, servie dans une cocotte Staub transparente, figure un petit chef d’œuvre d’art populaire.

Munster flambé au thym © Maurice Rougemont

On aimera encore la superbe raviole de carpe avec sa pâte fine, cuite al dente, sa farce légère, son émincé de jeunes oignons, sa sauce crémée et fumée qui passe comme une lettre à la poste – Sylvie Grucker est une saucière hors pair, genre en voie de disparition. On ajoute qu’en amuse-gueule, on peut retrouver quelques uns des hors d’œuvres vedettes de la maison, comme le velouté de lentilles, servis avec ses dés de harengs fumés doux, le marbré de foie gras mi-cuit sur un lit de pain d’épices ou encore le presskopf de cochon de lait cité plus haut.

Gilles et Sylvie Grucker © Maurice Rougemont

L’ardoise murale s’enrichit au gré de la saison, avec des idées plaisantes venues du marché qui peuvent aller vers le sud, comme le gaspacho de tomate, le dos de merlu au riz sauvage ou l’estouffade de lapin à l’ail doux . Mais qui n’oublie pas l’Alsace avec son joli munster flambé à l’alcool de thym.

« Tarte » aux myrtilles © Maurice Rougemont

Les desserts ? Rien que des choses jolies et bonnes, comme la panna cotta aux pommes et son émulsion de caramel, le duo de crèmes brûlées (l’une à l’orange, l’autre au pain d’épice), la fausse tarte (sans pâte, aux airs de clafoutis) aux myrtilles, le moelleux coulant au chocolat, sans omettre l’impérial vacherin glacé aux fruits rouges et glace vanille selon « Sylvie ». Bref, un style à la fois régional et léger, faussement simple, savamment rayonnant dans sa manière de fuir le chichi avec talent. Voilà une maison à saluer d’une pierre blanche et une cuisinière à louanger comme il se doit.

L’enseigne © Maurice Rougemont

Le Pressoir de Bacchus

50 route des vins
67650 Blienschwiller
Tél. 03 88 92 43 01
Menus : 28 (« l’autre façon de découvrir l’Alsace »), 47 (« curiosité, audace, passion ») €
Carte : 35-60 €

A propos de cet article

Publié le 4 août 2012 par

Le Pressoir de Bacchus” : 10 avis

  • geltzenlichter

    super accueil, très bonne cuisine avec beaucoup de recherche.
    Ce restaurant est très chaleureux. Nous avons beaucoup apprécié ce repas, et nous reviendrons.

  • Plh

    Une cuisine fraîche et inventive. Un peu cher, cependant.

  • Wir haben das Restaurant zuletzt vor 3-4 Jahren besucht. Seitdem hat sich jede Menge Positives getan: u.a. gefällt uns neben der guten Essensqualität sehr gut, daß das Restaurant jetzt überwiegend Weine aus Blienschwiller bzw. der näheren Umgebung anbietet.
    Danke für einen Super-Service und ein unvergeßliches Essen.

  • Patrice & Isabelle

    Nous y sommes allés ce dimanche 9 novembre 2014.

    « Ni bistrot, ni gastro » dit la carte ».
    Nous dirions plutôt « bistrot ET gastro » !
    . Bistro pour le côté chaleureux de l’accueil, le sourire de Gilles et Sylvie, l’ambiance cosy et « propret » de la salle. Petite, la salle et c’est tant mieux.
    . Gastro pour la cuisine de Sylvie, et les conseils avisés de Gilles pour les vins.
    Nous nous sommes régalés !
    A ce propos, le menu « bib » est une aubaine.

    C’était notre première fois au Pressoir de Bacchus et ce ne sera pas la dernière.
    On reviendra ! (notre Lorraine est proche de l’Alsace, heureusement).

    Merci M. Pudlowski pour cette belle découverte.

  • Lavauzelle

    Un très beau repas partagé avec mon fils de 7 ans m’a permis de découvrir cette table depuis longtemps convoitée. Un accueil d’une grande gentillesse, un couple d’une belle disponibilité et une cuisine très goûteuse, allant droit au but qu’elle se donne. Le succès de cette table est amplement mérité.

  • stein

    j’ai pu découvrir cette adresse du bas-rhin (moi qui suis haut-rhinois) et j’en suis revenu ravi à la fois par les plats gouteux de saveurs et d’associations originales (la chef avait carte blanche pour concocter le menu) et par le choix de vins d’Alsace, entre particulier moi qui suis surtout influencé par les grands crus du haut-Rhin.
    Nous y sommes venu et nous y reviendrons.

  • ZIMMERMANN

    Une fois de plus, un véritable moment de délice, le plaisir des sens. Une cuisine exceptionnelle et le service en salle impeccable et prévenant. Ajouter à cela la présentation des plats aussi bien dans l’assiette que par Gilles et tout est dit. Que du bonheur au vrai sens du terme
    merci à vous
    Sylvie et Pascal

  • Gilles

    35 viticuleurs pour 327 habitants… Gilles m’a bluffé… Donc le blanc est d’Alsace et de Blienchwiller. What else.
    Des mois que je souhaite venir déjeuner à cette table, sans succès. Toujours la même réponse : complet.
    Je me suis dit que le mois d’août était propice.
    Tout le monde en vacances et moi aussi donc téléphone, amis la table est réservé.
    Je suis particulièrment sensible à la qualité des iliux en général. Et là on se sent juste bien comme dans la salle à manger des hotes qui nous accueil.
    Je n’ai qu’un regret : avoir mis si longtemps pour y aller, je n’ai même pas l’excuse de la distance.

    Pour le reste tout est merveilleusement décrit par le grand Gilles

    J’ai aimé et mes amis aussi… nous reviendrons avec un chauffeur…

    Merci pour ce si bel endroit

    Gilles (encore un)

  • Je suis tres contante passer une super soirée dans ce restaurant avec les proprietaires tres sympa, avec le plats tres bons et tres bien presenté. J´espere revenir bientot, meme si ca fait 600 km 😉
    Ca vaut le coup!

  • Franck Lapôtre

    couple éminemment sympathique et passionné.
    Mention également à Gilles, le prince consort, d’une efficace modestie, qui évolue dans l’ombre de sa belle sans jamais se départir d’un sourire complice.
    Quand à Sylvie, j’ajouterai qu’elle possède l’art et la manière de cuire les légumes du cru comme personne.
    L’Alsace gourmande a encore de beau jours devant elle, vive les Grucker!

Et vous, qu'en avez-vous pensé ? Donnez-nous votre avis !

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