Jacques Dutronc © GP

Il n’a pas vieilli, ses chansons n’ont pas pris une ride, son rythme, ses facéties, ses paroles, sa/ses musique/s n’ont jamais paru aussi éternelles. J’ai eu, hier soir, à la Foire aux Vins de Colmar, une pensée émue pour mon vieux pote Jacques Lanzmann qui lui avait écrit quelques uns de ses plus beaux tubes. « Il est cinq heures, Paris s »éveille » ou « Et moi, et moi » ,  fonctionnent toujours bien. J’allais oublier « J’aime les filles » ou « Je suis un aventurier ». Très applaudi, bien sûr, « L’opportuniste » paraît, lui, on ne peut plus actuel:

"il y en a qui contestent, qui revendiquent et qui protestent.
Moi je ne fais qu'un seul geste, je retourne ma veste
Je retourne ma veste toujours du bon côté."

Le show Dutronc © GP

Dans la loge où j’étais, les officiels de la politique riaient parfois jaune. « On nous cache tout, on nous dit rien », c’est pareil. Comme « Les Cactus », gardant leur pouvoir tonique (« Le monde entier est un cactus/Il est impossible de s’asseoir (…) Dans leurs cœurs, il y a des cactus/Dans leurs porte-feuilles, il y a des cactus »).

Certes, Jacques Dutronc fonctionne plus à la provocation qu’à l’émotion. Mais son show est magnifiquement rythmé. Il apparaît en fauteuil, avec une veste droite en cuir, termine avec un cigare et en Perfecto. Demande qu’on ne le prenne pas en photo quand il boit de l’eau, car il tient à son image! Ce dandy qui oscille entre le poète maudit et l’idole bravache est un séducteur né.

Après une heure trente de scène, on se dit que c’est un bout de notre vie qui est passée avec lui. 10000 personnes applaudissent debout. Avec, bien sûr, toutes les tranches d’âge. Il y a là une parenté évidente avec Gainsbourg, un humour constant qui se fait rare dans la chanson française. Une élégance, aussi, sous le sceau de show man venu régaler son monde sans s’ennuyer.

« J’aime les filles de Colmar », a-t-il aussi suggéré, in fine. Ce soir, elles le lui ont bien rendu…