L’Argousier

L'Argousier © GP

C’est un village lorrain dans la belle campagne bitchoise,  non loin de la frontière sarroise, qui évoque un Québec en raccourci, avec ses verts champs dodelinants, ses collines vosgiennes, ses forêts ombreuses. Au détour du bourg presque banal, à un angle de rue, il y a une demeure  avec sa façade années 1950 rénovée. On pousse la porte moderne, on découvre un cadre sobre, zen, des tables espacées, bien mises, un jeune service complice plus une cuisine malicieuse, légère, fraîche, sans chichi

Tarte aux abricots © GP

Aux commandes: le tout jeune Johnathan Birkenstock, 31 ans, formé dans de belles écoles, le Crocodile à Strasbourg, Laurent et Lasserre à Paris (avec la Grand Est Connection, d’Emile Jung à Philippe Braun, jusqu’à Michel Roth). Allez vite Johnathan et son Argousier découvrir: le chef, comme la demeure sont appelés à un bel avenir. Et tout ici est encore sage. Les menus démarrent à 18 €, le menu à 28 € dit gourmand avec des mets aux accents méditerranéens (salade tomate/mozzarella, olives taggiasche et oignons frits ou salade croquante de fenouil et courgette au parmesan, avant les cannellonis de paleron de bÅ“uf et les desserts malicieux au choix (dont une formidable tartelette sablée aux nectarines façon scrée/salée, avec pistaches croquantes, crème glacée légère à la vanille).  Le « grand menu » à 53 € révèle l’étendue de son talent.

Langoustines croustillantes © GP

La terrine de foie gras de canard au porto avec son condiment de betterave au vinaigre de cidre, les langoustines façon nems en pâte à brick fines et  craquantes à tremper dans de l’avocat en guacamole à la coriandre, des ravioles de gambas al dente au citron confit avec son émulsion faite avec l’émulsion de la carapace du crustacés : splendides et toniques en vérité ! Avant le carré d’agneau rôti au caviar d’aubergine et des frites de polenta aux herbes de Provence. Et le splendide cabillaud revu à la lorraine façon « soupe aux pois cassés » avec mousseline de petits pois frais et lard craquant.

Tartelette au camembert et myrtilles © GP

On n’oublie pas la fine tartelette de camembert avec de la confiture de myrtille. Plus  les jolis desserts tels que la tarte sablée de nectarine citée plus haut ou la salade légère de melon et fraises aux zestes de citron vert plus ces éclats de pistache caramélisée. On glisse encore que la carte des vins recèle de belles trouvailles, comme ce gewurz Kirchberg de Klipfel à Barr, ce muscat friand et frais de chez Greiner à Riquewihr, cette syrah de Cuilleron (une affaire à 23 € !) ou ce splendide fixin signé Jadot (à 42 €). Bref, que du bonheur  sans la ruine.  On reparlera très vite de l’Argousier.