On reparlera sans doute de la rentrée littéraire… Parmi les quelques 600 livres prévus entre fin août et fin octobre, retenez le joli titre et le beau livre de Fouad Laroui, « Une année chez les Français » (chez Julliard), qui paraît le 19 août. Voilà, entre vraie drôlerie et fausse naïveté, l’histoire du petit Mehdi Khatib, venu de Belli Mellall au Lycée Lyautey de Casablanca. L’histoire se passe en 1969, dans un Maroc pas encore « décolonisé », où les prof’ français se moquent des élèves arabes qui débarquent de leur bled, les affublent de patronymes plus ou moins amusants (« Fatima » pour Mehdi), mais acceptent de leur faire connaître la « vraie » culture française et même de leur faire partager leur idéaux (le communisme pour le pion Régnier).

Le personnage du petit Mehdi, passionné par la culture française, la littérature, capable de réciter de longues tirades de Racine et Corneille, qui passe ses week-end dans la très bourgeoise famille Berger, est une réussite totale. Entre « le Petit Chose » et « le Petit Nicolas », dit l’éditeur. On ajoutera un zeste de « Têtard », pour la gouaille et la provocation sans méchanceté. L’écriture est vive, cursive, le récit très maîtrisé, les chapitres avancent au pas de charge. Et Fouad Laroui, à qui on doit des fables (« Tu n’as rien compris à Hassan II »), des nouvelles (« le Jour où Malika ne s’est pas mariée ») donne ici la pleine mesure de son talent, entre ironie, burlesque et satire sociale.

Une année chez les Français, de Fouad Laroui (Julliard, 304 pages, 19 €).