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Auberge au Bœuf

« Bien le bonjour de Goethe ! »

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Article du 4 août 2010

Le Boeuf à Sessenheim © GP

Sessenheim, dans la littérature allemande, c’est, dans le Ried, à une quarantaine de kilomètres  au Nord de Strasbourg, non loin du Rhin, le lieu d’une idylle. Celle d’un jeune étudiant nommé Johann Wolfgang Von Goethe. qui s’éprend de la fille du pasteur, Frédérique Brion. Promenades dans la campagne, visites au presbytère, jeux de société, lectures, conversations passionnées… On imagine les marches dans les champs alentour, les rêveries buissonnières, la halte dans les auberges. L’idylle de Sessenheim est un patient mystère que prolongent les souvenirs du village. Un mémorial, un musée avec ses photos, ses gravures, ses objets au restaurant Au Bœuf.

Musée Goethe © GP

Reçu docteur en droit en août 1771, Goethe se résout à quitter Strasbourg pour regagner Francfort. Il laisse Frédérique le cœur brisé. Il la reverra une fois en 1779, non sans avoir évoqué cet amour absolu dans deux poèmes importants : «  Bienvenue et Adieu » et « Rose des Bruyères ». Frédérique, après un séjour à Rothau, se retire en 1805, au pays de Bade, à Meissenheim, à tout jamais marquée par cette flamboyante passion de jeunesse. Elle meurt à Meissenheim, le 13 avril 1813, et est enterrée à côté de l’église. Son épitaphe rappelle qu’un « rayon de soleil du poète lui conféra l’immortalité ».

Tous ces points d’histoire pour rappeler que Sessenheim est devenu lieu de pèlerinage littéraire, mais aussi gourmand. Le Bœuf, la bonne table du village, dans une demeure de  1820, face à l’église protestante, offre son petit musée dédié au souvenir de Goethe, imaginé par le grand oncle de l’actuelle patronne. Mais il y aussi le décor chaleureux et soigné, les toiles de maître, notamment de Jacques Gachot qui appartint au groupe de Mai, des années 20, ses boiseries, ses meubles anciens, son poêle en faïence, ses recoins. Il y a l’encore l’accueil adorable de Christiane Germain, qui conseille avec cœur et sourit avec naturel.

Cabillaud à la citronnelle et pak choï © GP

Ce fut jadis ici le refuge du classicisme absolu du foie gras en brioche, du tournedos à la strasbourgeoise. Yannick, le fiston, formé d’abord au Cheval Blanc à Lembach, puis à l’Hostellerie de Levernois chez Jean Crotet à Beaune, revenu de ses classes dans les belles demeures, notamment en Suisse, fait montre d’ambition. Il revisite le terroir avec astuce, ajuste les alliances terre/mer avec doigté, raconte le marché à sa façon. Sa cuisine ces temps-ci prend un tour neuf. Et c’est bien le moment de le découvrir

Parmentier St Pierre aux fèves © GP

On se fait plaisir avec les idées du moment : ballotin de foie gras mi-cuit au gewurztraminer, plus chutney de pommes et figues à l’échalote, cassolette d’escargots du Kochersberg avec ses käseknepfle (les pâtes au fromage blanc) aux champignons, dos de cabillaud rôti à la citronnelle thaï et aux épices avec chou pak choï sauté au wok, parmentier de saint pierre aux pousses d’épinards et fèves fraîches.

Poitrine de canette rôtie aux pêches © GP

Nos voisins d’outre-Rhin (le fleuve est si proche) ne s’y sont pas trompés, qui colonisent volontiers la demeure. Le registre classique des viandes est, en tout cas, une réussite totale : poitrine de canette de Barbarie rôtie aux pêches avec ses petites galettes de maïs avec son jus au porto, pièce de bœuf Charolais avec foie gras façon Rossini aux chanterelles et pommes dauphines « maison ».

On ajoute « la gourmandise de Charline » avec son blanc-manger aux griottes, sorbet du jour au basilic, ou la coque meringuée glacée avec chantilly vanillée et marinade de fruits qui font plaisir. Le plus de la maison ? Une carte de vins   avec de grands bourgognes à prix cadeaux. Le santenay de Pascal Borgeot à 29 € ou le vosne romanée 2004 de Michel Gros à 49 € font figure ici de cadeaux. N’oubliez pas, in fine, de visiter le petit musée de la maison, qui lui aussi vaut le détour et le voyage.

Auberge au Bœuf

1, rue de l'Eglise
67770 Sessenheim
Tél. 03 88 86 97 14
Menus : 18 (déj.), 28, 45, 58 €
Carte : 65 €
Site: www.auberge-au-boeuf.com

A propos de cet article

Publié le 4 août 2010 par

Auberge au Bœuf” : 1 avis

  • M.Jacquemet

    Dommage de cuisiner aussi bien pour le servir aussi lentement( 19h30 à 23h15) avec un manque évident de sympathie et d’enthousiasme.

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Auberge au Bœuf