Hall de la Gare de l'Est © GP

Après tant d’errances et de divagations en tout sens, il est temps de retrouver des hauteurs raisonnables. Je lis sur la page Facebook de mon copain Bernard Kuentz, qui dirige la Maison de l’Alsace à Paris, qu’il déserte pour la Gaspésie (« au pays des mic-mac et des monts chic-choc »). Mais il va nous manquer. Et s’il part, lui qui toute l’année défend l’esprit de la région dans la capitale,  qui montrera l’exemple? Qui ira parcourir la montagne à vaches du Val de Munster, visiter après lui le Sundgau zigzaguant et le pays de Hanau, la vallée de Saint-Amarin et les parages de la Petite Suisse, Wissembourg et le chemin des villages fleuris, la route des crêtes et celle des vins, Sélestat et sa bibliothèque humaniste, Strasbourg, sa cathédrale, sa Petite France et son MAMCS, Colmar, sa petite Venise, Unterlinden et son retable, Mulhouse et sa cité de l’Automobile ou du chemin de fer…

Je me souviens des paroles de Léon Blum au congrès de Tours (de la SFIO) en 1920: « ‘pendant que vous irez courir l’aventure, il faudra que quelqu’un reste garder la vieille maison« . Serais-je celui là? Le voyage vers l’Alsace inchangée prend, pour moi, dès l’abord de la gare de l’Est et son grand hall éclairé d’une fresque de 1926 incitant au voyage, un air de retour au pays, de nostalgie d’enfance, mais dont l’esprit d’aventure n’est pas exclu. Derrière les vitres du TGV, les paysages défilent avec leur symphonie de verts tendres et doucereux qui se chevauchent pour mieux s’épouser.

Ici, d’où je vous écris, l’air a un goût de menthe. Il y a ce mélange d’herbe mouillée par la pluie d’hier ou la rosée du matin. Le ciel se teinte de bleu/blanc, et l’on sent, en lorgnant vers la terrasse, que le soleil s’apprête à percer la carapace des nuages. D’où je vous écris, les tables sont douces, les agapes savoureuses autant que généreuses, les aubergistes fidèles. On en reparlera, bien sûr, très vite.

La Maison de l’Alsace à Paris,  39, av. des Champs-Elysées, Paris 8e
Site:  www.maison-alsace.com