Château de Méracq

Château de Méracq © GP

C’est une demeure au calme dans la campagne, un château paysan, avec ses chambres affables, sa salle à manger paisible, le grand parc arboré avec son chêne millésimé, l’accueil bonhomme de Jean-Pierre Guérin-Recoussine rallié au pays par amour. Ce Champenois, natif de Troyes, formé jadis en Bourgogne, chez Barnabet au temps de la Petite Auberge de Vaux-sur-Yonne, avant Meneau à St Père et Loiseau à Saulieu, passé encore à Marçay en Val de Loire, s’est rallié au parti de la modestie dans ce coin béarnais où l’a mené son épouse.

Hôtelier-restaurateur, mais surtout aubergiste à l’ancienne, il reçoit sur réservation uniquement, ouvre ses huit chambres et deux suites aux voyageurs de hasard, cuisine avec science et simplicité, facture le tout avec gentillesse. La symphonie des foies gras pochés (au bouillon de poule, jurançon moelleux, eau de rose, naturel), le marbré de foie gras et de volaille, le sandre à l’oseille, le cassoulet aux haricots tarbais, le poulet farci en ballottine (à « la d’Artagnan ») au champagne, la poule au pot du bon roi Henri sont des leçons de choses. « Ce n’est pas les prix de Ducasse », dit en riant Albert Nahmias, qui connaît tout sur tout, se montre spécialiste en toute chose, et nous a mené là avec le consortium du jambon de Bayonne. Mais, précisément, la demeure fait partie de la chaine d’Alain Ducasse qui joue la simplicité en majesté et a inscrit le beau label d’authenticité sur son fronton.

Omelette norvégienne © GP

Le confort est douillet, la maison a du coeur, même si la déco est un un peu bric et broc. L’armagnac du domaine Gahuchet au jardin est une merveille, comme l’omelette norvégienne flambée aux pruneaux est un petit bonheur. Pardonnez moi si je mélange tout in fine. J’écris dans la lumière du soir et je marche à l’émotion. Voilà – et même si je l’ai écrit cent fois ailleurs, ici, c’est vrai – l’exemple d’une maison heureuse.