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Alexandre le Grand

Article du 6 février 2012

Le dictionnaire amoureux de la politique - Philippe Alexandre

Voilà quelqu’un avec qui je pourrais difficilement être objectif. Il m’a présenté Franz-Olivier Giesbert il y a trois décennies. Et je lui ai sauvé la mise, avec une interview dans les Nouvelles Littéraires, dont le titre dit tout: « Comment on a voulu me démissionner ». C’était au temps du gouvernement Bérégovoy, alors que ses grincements de voix sur RTL avaient le don d’agacer Tonton – et son directeur de cabinet André Rousselet. Il est vrai que  Philippe Alexandre, qui est un vieil anar assez indéfinissable, énerve tout le monde, la droite, la gauche, le centre. Et on comprend pourquoi en le lisant. Le bougre, fine lame de la plume, possède le talent de la feinte, de l’esquive et fait mouche à tout coup. On se souvient de Martine Aubry et de sa « Dame des 35 heures » qui fut pour elle comme un coup de griffe. Alain Juppé, alors premier ministre frôlé par « la Tentation de Venise », fut piqué au vif par PA qui affirmait sur RTL qu’il valait mieux lire « le Mort à Venise » de Thomas Mann que les élucubrations juppiennes.

Bref, évoquer Philippe Alexandre, c’est nommer un grand bretteur, un journaliste qui sait parler autant qu’écrire, a le sens de la formule qui touche et fait vibrer le lecteur, et pas seulement l’assassiné de service. C’est dire que son « Dictionnaire Amoureux de la Politique » (Plon) est un petit chef d’oeuvre littéraire usant de la politique comme d’un bel art. Tout le monde en prend pour son grade – de Sarko à Fabius et de Barre à Marchais. Mais avec tant de finesse et drôlerie, qu’en fin de compte seuls les « non cités » en voudront à l’auteur.

Dictionnaire Amoureux de la Politique, de Philippe Alexandre (Plon, 480 pages, 24 €).

A propos de cet article

Publié le 6 février 2012 par

Alexandre le Grand” : 1 avis

  • Le jugement de Pudlo, un expert en gourmandise de toute sorte, me comble de ravissement !
    Si je n’avais pas écrit ce dictionnaire j’aurais presque envie de le déguster. Je sais que Gilles, depuis longtemps, a la délectation de la langue française. Il a écrit un « Devoir de français » qui explique mieux qu’un long discours toutes ses plaisirs.
    Au fond, nous partageons beaucoup de choses : la politique n’est jamais qu’une variante un peu échevelée de la gastronomie.
    Vive Pudlo, nom de nom !

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