Bruges: un art de vivre
Les lumières du soir sur la grand-place, le beffroi illuminé, le Burg comme une scène de théâtre, le quai du Rosaire en majesté, la place du marché aux poissons aux colonnades secrètes: rien n’a changé en apparence. Même si les voitures sont interdites sur le Markt, si les hôtels, jadis dévolus aux nuitées rapides, ont fait peau neuve. Si Bruges, surtout, est devenue une capitale gourmande.
Ses vitrines abondent en pralines chocolatées, “noeuds” caramélisés, crèpes et gaufres. Trois brasseries fabriquent des crus de haute fermentation dont la Brugse Triple. Mais surtout, Bruges possède la plus forte concentration d’étoiles pour une agglomération d’à peine plus de cent mille habitants: quinze étoiles en tout, dont deux « trois macarons » (Karmeliet et Hertog Jan), plus des deux et une étoile en nombre, des tables renommées, des chefs en devenir, qu’ils se nomment de Jonkman, Aneth, Gouden Harynck, Danny Horselle et d’autres. Plus des bibs gourmands étonnants comme Tête Pressée…
La gourmandise ici est une seconde nature. L’amour de l’art et de la beauté, du confort ouaté des demeures qui réclament de la chaleur lorsqu’il fait froid au dehors, sur les quais, en voilà une autre. Ce que peut l’on découvrir, outre le musée Memling dans l’hôpital Saint-Jean rénové, le musée Groeningue, dédié aux Beaux Arts, la Gruthuse, aux airs de maison privée, les demeures hanséatiques avec leur brique noble, leurs portes ciselées, leurs fins redans? C’est tout bonnement un art de vivre.
Le goût de la déco y est devenu légendaire. Chez Kasimir, quai du Rosaire, Mireille Perguy et Pascale Vanhaecke ont longtemps vendu les consoles XIXe, lustres baroques de bois blanc, chaises britanniques qui meublent les hôtels vis-à-vis qui sont comme les pièces maîtresses d’un beau week-end ici même. Lieu de plaisir douillet, Bruges prend ses aises avec des airs de bonbonnière minaudante. Le Tuilerieën, halte de charme, face aux canaux, reste l’un des plus prisés, avec sa mini-piscine couverte, son bar éclairé d’un feu de bois, sa chambre 135 avec haut plafond, vastes fenêtres, vue sur le quai.
Juste en face, sa petite soeur, l’Orangerie, a belle allure, sur le mode du jardin d’hiver. A côté, le Pandhotel, avec ses suites Ralph Lauren, ses papiers peints aux motifs anciens, ses salons style côté Ouest, a pris l’allure d’un rendez-vous romantique. Sur le même créneau du charme intimiste, le Oude Huis Amsterdam a annexé quatre demeures hanséatiques, ornant ses chambres sur un mode coloré.
Le Kempinski joue les palaces en ville dans l’ancien palais des Ducs de Bourgogne. En toute saison, on peut se blottir à Bruges, se calfeutrer dans sa chambre, près de la cheminée, en attendant la promenade du soir, lorsque la balade des canaux prend un tour fantastique.
Côté plaisir de bouche, on peut jouer une taverne ancienne remise au goût du jour sur la grand place comme Huyze di Maene ou le grand jeu chez Gert Van Hecke au Karmeliet, qui mérite à lui seul le voyage dans la ville. Ce grand Flamand, formé chez Chapel, dont il se considère comme le fils spirituel, est le premier de sa région à avoir damé le pion aux Bruxellois sur le terrain des trois étoiles. Ses Saint-Jacques demi-deuil au goût fumé, saint-pierre à la fondue de fenouil aux coques, agneau à l’ail fumé et riz épicé, ravioli à la vanille ou ananas rôti avec glace coco et curry font des récitals de grande classe. Et prouve que ce Gert, barbu, rond et bonhomme, vaut, sinon son presqu’homonyme Jan Van Eyck, du moins ses épigones du XVIIe qui peignirent grands festins colorés et victuailles appétissantes.
Et Bruges elle-même continue de jouer les décors de théâtre pour gourmets heureux, gens de culture assoiffés de beauté, voyageurs aventureux, ravis de découvrir une Venise du Nord aux tarifs encore abordables, aux ruelles proprettes, aux haltes de charme souvent ignorées. Trésor de la Belgique, côté Flandres, cachée près d’un canal bordé de saules, à deux pas de la mer et des plages élégantes de Knokke-le-Zoute et des dunes de Heist, elle n’attend qu’un clin d’œil du destin pour devenir à la mode.
Elle a su échapper aux avanies du temps, aux changements brusques d’époques, aux modes architecturales. Chef d’oeuvre Renaissance revue 1900, qui fut capitale culturelle de l’Europe en 2002, renouvelant et modernisant ses musées avec brio, elle est d’abord une cité du bien vivre, à découvrir au pas du flâneur, sans se hâter, ni sans se lasser.
Carnet de Route
Y aller
Paris-Bruges, via Bruxelles et le Thalys, en 2h35 depuis la gare du Nord. Rens. 08 92 35 35 36. www.thalys.com .
Dormir
De Tuilerieën, 7, Dijver. Tél. 050 34 36 91. info@hoteltuilerieen.com Le « top » du charme au cœur du centre.
Pandhotel, 16, Pandreitje. Tel : 050 34 06 66. www.pandhotel.com. Charmes et suites “Ralph Lauren”.
Kempinski Hotel Duke’s Palace, Tél. 050 447 888. www.kempinski.com/bruges Grande réalisation un peu « kolossale » avec beaucoup de reproductions, dans un ancien palais ducal.
Orangerie, 10, Kartuizerinnenstr. Tél. 050 34 16 49. info@hotelorangerie.com. Charme en bordure de canal.
Martin’s Relais Oud Huis Amsterdam, 3, Spiegelrei. Tel : 050 34 18 10. info@oha.be Comptoir commercial XVIIe devenue halte cosy.
Relais Ravenstein, 11 Molenmeers. Tél. 050 476947. www.relaisravestein.be Palais baroque où vécut la famille d’Adolphe de Clèves, neveu de Philippe le Bon, revu en hôtel d’aujourd’hui
Montanus, 78, Nieuwe Gentweg. Tél. 050 33 11 76. info@montanus.be. Demeure ancienne, revue minimaliste.
Adornes, 26, St Annarel. Tél. 050 34 13 36. hotel.adornes@proximedia.be. 20 ch. 2800-3600FB. Un peu excentré, prix sages.
Boire, goûter
Café Vlissinghe, 2, Biekerstraat: bière, genièvre et ambiance.
De Proverie, 6, Katelijnestraat. Chocolat chaud dans un salon à l’ancienne.
Pannekoekenhuisje, 3, Helmstraat. La maison de la crêpe.
Maximiliaan Van Oostenrijk, 17, Wijngaardeplein. Situation en or, face au béguinage.
Lire
« Belgique et Grand Duché du Luxembourg » (Guides Verts Michelin); « Bruges et le pays Flamand » (Guides Bleus Evasion). « Bruges, la morte », de Georges Rodenbach (Labor); « L’Enfant de Bruges » de Gilbert Sinoué (Gallimard).
Utile
Tourisme Flandre & Bruxelles, 6, rue Euler, 75008 Paris. www.tourismebelgique.com
Office du Tourisme de Bruges, In&Uit, ‘t Zand 34, 8000 Bruges. Tél. 050.448686.www.inenuitbrugge.be
Adorei!!!! Bruges é linda!!!! Acho que em abril vou para Paris e lógico para Bruges tb…. Gostaria de algumas dicas… inclusive de hoteis (não muito caros) Beijos