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Rouen, la bonne normande

Article du 8 janvier 2012

Musée des Beaux Arts © GP

On la connaît mal. On la visite trop vite. On se contente de la parcourir en clin d’œil. Et voilà une ville de province à la porte ou presque de Paris qui demande une large exploration. La cathédrale cent fois peinte par Monet, le bûcher de Jeanne, son église moderne aux vitraux anciens sur la place du Vieux Marché, la demeure de l’évêque Cauchon, le palais de justice en gothique flamboyant et sa synagogue mystérieusement enterrée, les venelles secrètes, les cours fleuries, les demeures à pans de bois, rue Saint-Romain, rue de Martainville, rue Eau-de-Robec. Puis le musée des Beaux Arts, où un Velasquez jouxte un Caravage, un Largillère voisine avec un Fragonard, où Caillebotte, Sisley, Corot, Renoir, Degas et Géricault font excellent ménage, où la collection d’écrivains signés Jacques-Emile Blanche (Morand, Maurois, Montherlant, Mauriac, mais aussi Gide, Cocteau ou Radiguet) vaut à elle seule le voyage…

Ambiance au Café Métropole © GP

Est-ce tout ? Mais il y a le salon et le gueuloir de Flaubert à Croisset, face à la Seine industrialisée, le musée dédié à l’auteur de Madame Bovary dans l’Hôtel Dieu, sa statue, grandeur nature, sur la centrale place des Carmes, la gare Art déco et le café Métropole où Simone de Beauvoir attendait Sartre à la sortie du train. Est-ce assez pour donner à cette “ ville aux cent clochers ” (dixit Hugo), qui fut la seconde de France au XIIe siècle, où naquit Corneille, une dimension à la fois littéraire, culturelle, artistique ?

Têtes de mort à l'Aître St Maclou © GP

Il y a encore l’aître Saint-Maclou, charnier grandiose où reposent les pestiférés du Moyen-Age, ses têtes de morts sculptées sur les pans de bois en noir et blanc, puis, juste à côté, la rue Damiette dédiée aux antiquaires. Sans omettre un vaste port, une campagne proche, entre vallonnements crayeux du pays de Caux, vallée de la Seine, rives de l’Andelle et de la Risle. Et puis des villages riches d’histoire et de mémoire : la Bouille, à fleur d’eau, où naquit Hector Malot, Lyons-la-Forêt, ses manoirs à colombage, tel celui où Ravel composa “ le Tombeau de Couperin ”, Ry, où Gustave imagina les amours d’Emma et de Rodolphe, la boutique du précieux Homais, le désespoir de Charles B.

Vue sur la cathédrae © GP

Rouen, dirait Chardonne, c’est beaucoup plus que Rouen. Une “ petite ville ” d’à peine plus de cent mille habitants, mais où les tables sont délectables, où Gilles Tournadre, propriétaire de quatre établissement, joue la star modeste du lieu, où la gourmandise est raisonnable, les hôtels sages – et qui possède désormais son hôtel alliant luxe et histoire avec le Bourgtheroulde, y justifiant le week-end, comme à Troyes le Champ des Oiseaux, à Aix, la Villa Gallici, à Avignon, la Mirande. Bref, une ville au charme, si près de Paris. Et pourtant qui paraît quelques siècles en arrière.

Vieilles demeures et église St Maclou © GP

Carnet de Route

Y aller

1h15 en train de Paris depuis la gare Saint-Lazare. 135 km par l’A13.

Dormir

Entrée à l'hôtel de Bourgtheroulde © GP

Hôtel de Bourgtheroulde, 15, place de la Pucelle.  Tél. 02.35.14.50.50. Ch. 195-480 €. Splendide rénovation dans un palais Renaissance. Spa impressionnant, piscine dans la salle des coffres d’une ancienne salle coffre, bar-atrium.

Bar atrium à l'hôtel de Bourgtheroulde © GP

Mercure Centre, 7, rue Croix-de-Fer. Tél. 02 35 52 69 52. Ch. 101-145 €.
Bon confort moderne et situation centrale, en ligne de mire sur la cathédrale.

Hôtel de Dieppe, place Bernard-Tissot,. Tél. 02 35 71 96 00. Ch. 95-150 €.
Face à la gare, cet hôtel 1880 a peaufiné son cachet vieille France.

Le Dandy, 93 rue Cauchoise. Tél. 02 35 07 32 00. Ch. 80-105 €.
Dans une rue piétonne, chambres style néo et collection de carafes à l’entrée.

Le Vieux Carré, 34, rue de la Ganterie. Tél. 02 35 71 67 70. Ch. 60-85 €.
Petit coup de cœur pour cet hôtel de charme à l’ancienne, sis à deux pas de l’église St Ouen.

Eglise St Ouen © GP

Hôtel des Carmes, 33, place des Carmes. Tél. 02 35 71 92 31. Ch. 40-60 €.
Simple, rustique, central, sur une place calme.

Hôtel de la Cathédrale, 12, rue Saint-Romain, Tél. 02 35 71 57 95. Ch. 66-143 €.
Modeste et bucolique avec la cathédrale pour voisine.

Gros Horloge © GP

Lire

“ Normandie, Val de Seine ” (Guides Verts Michelin), “ Un cœur Simple ” (in “ Trois Contes ”), de Flaubert (Folio et Livre de Poche).

Une vieille demeure rue de Eau de Robec © GP

Utile

Office du Tourisme : 25, pl. de la Cathédrale. Tél. 02 32 08 32 40. Site : www.rouenvalleedeseine.com

Pont sur la Seine © GP

A propos de cet article

Publié le 8 janvier 2012 par

Rouen, la bonne normande” : 2 avis

  • Muriel

    Vous nous avez donné l’envie d’y retourner pour le week-end et de suivre vos adresses. Belle promenade dans les rues piétonnes, visite des églises et du Musée des Beaux-Arts …. sans oublier la curiosité au Métropole. Si près de Paris, c’est vraiment agréable. Malheureusement, trop peu de restaurants ouverts le dimanche.

  • philippe coudy

    Bravo Gilles Pudlo… votre description de notre belle ville de Rouen est évocatrice de la réelle beautée de la capitale normande.On conseille un petit séjour à nos amis parisiens pour retoruver à portée de main la quiétude de la province et de la douce France que nous aimons tous.

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