Rouen, la bonne normande
On la connaît mal. On la visite trop vite. On se contente de la parcourir en clin d’œil. Et voilà une ville de province à la porte ou presque de Paris qui demande une large exploration. La cathédrale cent fois peinte par Monet, le bûcher de Jeanne, son église moderne aux vitraux anciens sur la place du Vieux Marché, la demeure de l’évêque Cauchon, le palais de justice en gothique flamboyant et sa synagogue mystérieusement enterrée, les venelles secrètes, les cours fleuries, les demeures à pans de bois, rue Saint-Romain, rue de Martainville, rue Eau-de-Robec. Puis le musée des Beaux Arts, où un Velasquez jouxte un Caravage, un Largillère voisine avec un Fragonard, où Caillebotte, Sisley, Corot, Renoir, Degas et Géricault font excellent ménage, où la collection d’écrivains signés Jacques-Emile Blanche (Morand, Maurois, Montherlant, Mauriac, mais aussi Gide, Cocteau ou Radiguet) vaut à elle seule le voyage…
Est-ce tout ? Mais il y a le salon et le gueuloir de Flaubert à Croisset, face à la Seine industrialisée, le musée dédié à l’auteur de Madame Bovary dans l’Hôtel Dieu, sa statue, grandeur nature, sur la centrale place des Carmes, la gare Art déco et le café Métropole où Simone de Beauvoir attendait Sartre à la sortie du train. Est-ce assez pour donner à cette “ ville aux cent clochers ” (dixit Hugo), qui fut la seconde de France au XIIe siècle, où naquit Corneille, une dimension à la fois littéraire, culturelle, artistique ?
Il y a encore l’aître Saint-Maclou, charnier grandiose où reposent les pestiférés du Moyen-Age, ses têtes de morts sculptées sur les pans de bois en noir et blanc, puis, juste à côté, la rue Damiette dédiée aux antiquaires. Sans omettre un vaste port, une campagne proche, entre vallonnements crayeux du pays de Caux, vallée de la Seine, rives de l’Andelle et de la Risle. Et puis des villages riches d’histoire et de mémoire : la Bouille, à fleur d’eau, où naquit Hector Malot, Lyons-la-Forêt, ses manoirs à colombage, tel celui où Ravel composa “ le Tombeau de Couperin ”, Ry, où Gustave imagina les amours d’Emma et de Rodolphe, la boutique du précieux Homais, le désespoir de Charles B.
Rouen, dirait Chardonne, c’est beaucoup plus que Rouen. Une “ petite ville ” d’à peine plus de cent mille habitants, mais où les tables sont délectables, où Gilles Tournadre, propriétaire de quatre établissement, joue la star modeste du lieu, où la gourmandise est raisonnable, les hôtels sages – et qui possède désormais son hôtel alliant luxe et histoire avec le Bourgtheroulde, y justifiant le week-end, comme à Troyes le Champ des Oiseaux, à Aix, la Villa Gallici, à Avignon, la Mirande. Bref, une ville au charme, si près de Paris. Et pourtant qui paraît quelques siècles en arrière.
Carnet de Route
Y aller
1h15 en train de Paris depuis la gare Saint-Lazare. 135 km par l’A13.
Dormir
Hôtel de Bourgtheroulde, 15, place de la Pucelle. Tél. 02.35.14.50.50. Ch. 195-480 €. Splendide rénovation dans un palais Renaissance. Spa impressionnant, piscine dans la salle des coffres d’une ancienne salle coffre, bar-atrium.
Mercure Centre, 7, rue Croix-de-Fer. Tél. 02 35 52 69 52. Ch. 101-145 €.
Bon confort moderne et situation centrale, en ligne de mire sur la cathédrale.
Hôtel de Dieppe, place Bernard-Tissot,. Tél. 02 35 71 96 00. Ch. 95-150 €.
Face à la gare, cet hôtel 1880 a peaufiné son cachet vieille France.
Le Dandy, 93 rue Cauchoise. Tél. 02 35 07 32 00. Ch. 80-105 €.
Dans une rue piétonne, chambres style néo et collection de carafes à l’entrée.
Le Vieux Carré, 34, rue de la Ganterie. Tél. 02 35 71 67 70. Ch. 60-85 €.
Petit coup de cœur pour cet hôtel de charme à l’ancienne, sis à deux pas de l’église St Ouen.
Hôtel des Carmes, 33, place des Carmes. Tél. 02 35 71 92 31. Ch. 40-60 €.
Simple, rustique, central, sur une place calme.
Hôtel de la Cathédrale, 12, rue Saint-Romain, Tél. 02 35 71 57 95. Ch. 66-143 €.
Modeste et bucolique avec la cathédrale pour voisine.
Lire
“ Normandie, Val de Seine ” (Guides Verts Michelin), “ Un cœur Simple ” (in “ Trois Contes ”), de Flaubert (Folio et Livre de Poche).
Utile
Office du Tourisme : 25, pl. de la Cathédrale. Tél. 02 32 08 32 40. Site : www.rouenvalleedeseine.com
Vous nous avez donné l’envie d’y retourner pour le week-end et de suivre vos adresses. Belle promenade dans les rues piétonnes, visite des églises et du Musée des Beaux-Arts …. sans oublier la curiosité au Métropole. Si près de Paris, c’est vraiment agréable. Malheureusement, trop peu de restaurants ouverts le dimanche.
Bravo Gilles Pudlo… votre description de notre belle ville de Rouen est évocatrice de la réelle beautée de la capitale normande.On conseille un petit séjour à nos amis parisiens pour retoruver à portée de main la quiétude de la province et de la douce France que nous aimons tous.