Au Cheval Blanc
« Haguenau/Schweighouse: un cheval de charme »
Eric et Malika © GP
Schweighouse-sur-Moder, c’est la banlieue d’Haguenau. Eric Fillion, qui a repris le Cheval Blanc, il y a cinq ans, tente de lui redonner une identité, de la gaîté, de l’esprit, du caractère, non sans idées. Vrai chef passé en salle, formé aux fourneaux à la Source des Sens de Morsbronn, mais aussi au Cheval Blanc de Lembach au temps des Mischler où il tint les cuisines de la Rosselstub, ce quadra champenois, rallié à l’Alsace depuis près de trente ans, a revu cette ancienne auberge de tradition qui a conservé ses vitraux, avec de la couleur, de nouveaux luminaires, des fauteuils couverts de blanc.
Presskopf maison © GP
Il est relayé en salle par sa compagne Malika qui donne une note de charme à la demeure. Même si le conseil sur la carte, riche en trouvailles de toutes sortes, manque un peu. Les menus sont bien pondus. Il y a petit plat du jour du midi, mais aussi celui dit « tradition » à 30 € qui propose crème de cèpes à l’huile de truffes avec poêlée de cuisses de grenouilles désossées et persillées ou les rillettes de saumon fumé au tarama d’oursin avec sa petite salade et son « espuma » au wasabi. On glisse sur la « douceur du moment », un cappuccino de vin chaud qui fait un trou alsacien amusant et bien vu.
Velouté de cèpes et grenouilles persillées © GP
Et on n’oublie pas le homard grillé (dans le même menu à 30 €, même si c’est du canadien) posé sur un lit de tartare de topinambours, son velouté parmentier à l’essence de truffe. Ou le civet de biche façon garniture grand mère et ses spaetzle de fromage blanc (biche qu’on retrouve à la carte en filet un tantinet surcuit façon Grand Veneur au poivre de Sichuan et moutarde de fruits rouges, comme chez Mischler jadis. En dessert le streussel à l’ananas avec sa quenelle de glace à la vanille fait bon en effet.
Homard grillé et tartare de topinambours © GP
Des bons points: le pain maison de qualité, les vins facturés avec gentillesse, comme le sylvaner bio de Kuentz-Bas à 16 € ou le saint-estèphe la Croix Bonis, St Estèphe charmeur en 2004 à 29 €: des affaires à saisir. Des points à revoir: les surcussions et le manque de conseil sur la carte, on l’a déjà dit, plus le service qui lambine un peu. Malika sourit fait goûter in fine les pâtisseries marocaines comme les cornes de gazelle qui donnent une note exotique à ce bout de route passante entre Haguenau et Ohlungen. Bref, il faut surveiller ce cheval charmeur…
Noisettes de biche © GP
C’est dans cet endroit , il y a 45 ans ( j’en avais 15 à l’époque ) que Paul et Rose KNECHT ( et leur chef Bernard ) que j’ai commencé à découvrir ce qu’est la gastronomie , la vraie ,l’authentique , alsacienne en particulier , française en général . Je me souviendrai toute ma vie avoir été convié , un soir d’octobre 1970 par Paul KNECHT , un ami de mon père , à un repas de notables du secteur , organisé en privé , au cours duquel je me suis régalé des plats servis. Après avoir quitté l’Alsace ,j’ai retrouvé cet endroit en octobre 2014 à l’occasion d’un repas de baptˆeme. J’ai aussi retrouvé les mˆemes sensations qu’à » l’époque » . Eric et Malika sont sur une excellente trace et ont su relever le difficile défi de redonner une ˆame à cette maison. Un cadre agréable , un accueil chaleureux , un service efficace et une cuisine d’excellente facture. Comme dirait une certaine Valérie T. » Merci pour ce moment «
La cuisine est un art maîtrisé où rien n’est laissé au hasard. Comme dans un théorème, tout se démontre pour un résultat qui tombe toujours juste : le plaisir est dans l’assiette.
Un décor mêlant classique et modernité, ce restaurant vaut le détour !