Aux Armes d’Ostheim

Patrick Henninger © GP

Ostheim, ville du vignoble, quasi détruite durant les combats de le poche de Colmar, est un repère obligé de la N83, en bordure de la route des vins, non loin d’Illhaeusern, de Ribeauvillé et de Riquewihr. Avec son mur surmonté d’un nid de cigognes, elle est le symbole de la résistance alsacienne à l’évolution du temps, des guerres, des changements de régime. L’Alsace bouge, le monde change, Ostheim demeure.

Juste derrière la mairie, si joliment fleurie, Patrick Henninger, est le poète maudit de son village, l’artiste de la cuisine, le passionné obstiné, tombé presque par hasard sur cette maison de village. Les Sparr de Sigolsheim, Pierre et son fils Charles, qui des querelles de famille ont conduit à officier désormais à Riquewihr, où il ont racheté le domaine J-J Baumann, tout en mettant en valeur leurs vignes sur des côteaux grands crus du Brand, du Mambourg ou du Sporen, m’y ont conduit sur la pointe des pieds.

Le lieu ne paye pas de mine, mais la salle est charmante, les tables bien mises, les menus alléchants et les propositions bien mises. Ancien du château d’Isenbourg à Rouffach, de l’Auberge St Barnabé à Murbach et de Marchal aux Trois Epis, passé en Suisse, en Allemagne et au Luxembourg à Beaufort,  Patrick fait goûter là quelques unes de ses belles idées, glanées au gré du marché sans se couper des racines. Foie gras de canard (un poil trop salé) avec ses fines tranches de melon, sandre aux morilles, grenouilles persillées (je suis plus circonspect sur la salade de saint jacques des USA au vinaigre de lavande un peu fade) ou  filet de bÅ“uf sauce au marc de gewurz avec gâteau de pommes de terre fondante font tous bel effet.

Foie gras de canard maison

Mais Patrick  est aussi expert en pâtisserie et autre orfèvrerie sucrée. Il le prouve avec ses quetsches poêlées flanquées d’un bretzel chaud et sucré façon beignet de foire original et de fort belle allure, comme son exquis kougelhopf glacé maison, parfumé au marc de gewurz, qui est, par sa fraîcheur et son moelleux, un des modèles de ce genre galvaudé. Le jeune service féminin est gracieux, l’accueil charmant. Et pour compléter son offre et se faire connaître, Patrick se fait traiteur et mitonne, en cave, chez les Sparr, des repas mets/vins qui ne manquent pas de tonus. Bref, voilà un garçon de talent qu’il s’agit de ne pas laisser filer…

Quetsches poêlées et bretzel sucré