Plachutta
« Vienne: le Plachutta nouveau est arrivé! »
C’est le dernier né des Plachutta: une dynastie, qui à la suite de papa Mario a créé six restaurants, tous dédiés, entre Schönbrunn et Vienne, à la bonne cuisine viennoise, ses mets éternels, ses plats d’empereur et de manants, de seigneurs au goût canaille. Il y a la maison fameuse de Wollzeile au coeur des choses, à deux pas du MAK (le musée des Arts Décoratifs) et du Café Prückel, avec ses grâces rustiques. Voilà désormais une ancienne Gasthaus des abords de l’Opéra remise à neuf et rebaptisée à son nom avec éclat. Les boiseries en gris vert, les tons de blanc écru, les frises en céramiques discrètes, les beaux parquets le service amical et complice, les prix doux font ici merveille.
Le plat vedette de la maison: l’escalope viennoise en sa version première, telle qu’elle fut crée en 1857 pour le comte Joseph Radetzky, avec sa chapelure légèrement gonflée, sa salade de pommes de terre aux oignons. On peut aussi l’accompagner, car on raffole ici des aigre-doux, de confiture d’airelles. L’autre plat star, c’est évidemment le Tafelspitz, la pointe de culotte de boeuf cuite en pot au feu, flanquée ici de son épaule, et accompagnée d’une compote de pommes au raifort, de crème battue également au raifort, de crème à la ciboulette, tel que l’aima Metternich. On fait précéder le tout d’un bouillon de boeuf aux fines nouilles: délicieux!
Auparavant, on goûtera les hors d’oeuvre au goût du jour: le fromage de chèvre rôti, avec lard, roquette, lentilles, basilic, huile d’olive, le carpaccio de boeuf, le saumon mariné avec sa crème légère ou la crème brûlée de foie gras aux baies rouges. Manière de dire que, chez Plachutta, tradition et goût du jour font bon ménage.
In fine, on craquera sur le Kaiserschmarren (« la bagatelle de l’Empereur »), cette omelette parfumée au kirsch, tronçonnée, flanquée d’une compote de quetsche et de poires, au gré de la saison, dont raffolait François Joseph. Avec cela, la bière maison, le blanc Grüner Veltliner ou le rouge Zweigelt font des accompagnements sérieux et naturels… Bref, pour un peu, on se croirait dans une taverne où pourraient se croiser Musil, Zweig, Schnitzler et Roth.