Cantinetta Antinori
« Vienne: la table du divin marquis »
Manger italien à Vienne? Pas une idée stupide, tant on sait que les Viennois sont férus de cuisine transalpine, que l’empire des Habsbourg jadis s’étendait jusqu’à Milan, Venise, Trieste, que l’escalope viennoise cousine, évidemment, avec la milanaise et que la folie des pâtes et des gnocchis, commd le goût des belles huiles d’olive ou des graines potiron et des vinaigres fins se trouve fort bien portés entre le Tyrol, la Styrie et le Burgenland. Bref, on comprend que le marquis Piero Antinori, ce gourmet florentin, qui oblige à écrire trois fois son nom lorsqu’on lui écrit à Florence (Marquese Antinori, Cantina Antinori, Piazza Antinori, Firenze) pas moins, ait eu l’idée de s’installer tout près de la cathédrale St Etienne.
Le cadre est affable, on sert tôt ou quasiment non stop, pour l’avant théâtre et l’avant opéra, une clientèle qui aime manger discrètement et a suffisamment d’aise pour goûter aux grands crus maison sans chipoter: Tignanello, Solaia ou Guado Al Tasso, sans omettre blanc Cervaro della Sala en Ombrie, riant Peppoli et la Réserve du marquis dite Villa Antinori. Mozzarella de buffle avec son roulé d’aubergine et de courgette, papa al pomodore – soupe de tomate à la toscane -, linguine aux fruits de mer, selle d’agneau aux fagiolini et pancetta font ici simplement merveille, sous la houlette du romain Luca qui veille avec sérieux sur la demeure.