Vienne, le temps d’une valse

Article du 1 décembre 2011
Vienne © GP

Vienne © GP

C’est la même ville et c’est une autre. Qui repasse ses smokings pour l’opéra du soir, fait la queue chez Demel pour la « sacher torte », rêve l’après-midi au café Landtmann et entre de plain-pied dans la saison des bals.

C’est comme un morceau langoureux de Strauss, un lieder d’Hugo Wolf, une danse hongroise, un air de Brahms ou de Malher. Que Vienne demeure une fête, comme au temps de Sissi ou de François-Joseph, on s’en doutait. Qu’elle soit gourmande jusqu’au vertige, on le devinait; tant la renommée de sa pâtisserie a traversé les frontières. Qu’elle demeure si belle l’hiver, voilà qui constitue une surprise pour le voyageur la découvrant pour la première fois.

On commence la visite en se dirigeant vers la belle cathédrale Saint-Etienne au toit de tuiles vernissées. On poursuit au Graben, cette curieuse place toute en longueur que bordent de célèbres salons de thé – Oberlaa, Lehmann ou Demel. On visite l’aristocratique Hofburg, qui fut le palais impérial, et abrite désormais le président de la République – quoiqu’on y vende toujours les photos de Sissi et de Franz-Joseph sous les arcades de l’entrée. On découvre enfin les multiples cafés branchés du quartier à la mode que l’on nomme ici, de façon drolatique, le « triangle des Bermudes ».

Comme une valse, Vienne, vive, fraîche, éternelle, tournée avec fierté vers son passé, ne change pas. Et c’est heureux. L’un de ses plus beaux musées, l’Albertina, sur le bastion des anciennes  fortifications, a retrouvé son lustre et ses grandes salles d’apparat, invisibles jadis, signées Josef Kornhäusel, aménagées entre 1800 et 1820. Le hall d’entrée avec sa verrière, la boutique design, les diverses galeries d’exposition donnent un tour moderne à cet hôtel particulier des Habsbourg fondé par le duc Albert de Saxe-Teischen, qui abrite une des plus grandes collections d’art graphique du monde.

65 000 dessins, des Raphaël, des Michel Ange, des Vinci, des Dürer, des Rubens, des Rembrandt, des Manet, des Cézanne, des Delacroix: voilà quelques uns des trésors qui ne seront pas visibles en une seule fois. Un hors d’œuvre ? Il y a de ça. Dans la ville des cent musées et des mille chefs d’œuvres, l’Albertina « new look » a trouvé sa place. Il est vrai que l’amateur d’art est chez lui à Vienne.  Qui s’apprête à fêter le cent cinquantenaire de Klimt en 2012. A moins d’accomplir le parcours du combattant, il est impossible de tout voir de la beauté artistique de Vienne en un week-end.

Les Schiele et les Klimt (« le Baiser ») au Belvédère, les Bruegel (« Chasseurs dans la neige »), les Titien, plus un Vermeer (« l’Atelier du peintre ») au Kunsthistorisches, sans omettre l’Académie et sa galerie de peinture, avec ses Bosch (« le Jugement dernier »), ses Hans Baldung Grien, Jacob Van Ruisdael ou Pieter de Hooch, plus, bien sûr, l’étonnant « quartier des musées », qui constitue une des plus singulières concentration artistique du monde.

Dans les anciennes écuries de la cour, on a imaginé de relier art ancien et art nouveau, modernisme du Leopold Museum (Kokoschka, Klimt, Egon Schiele, mais aussi Kubin et Egger-Lienz), art contemporain du MUMOK, avec la mise en forme de l’actionnisme viennois ou le Pop Art, sans omettre les mises en scène de la Kunsthalle, les ateliers du Quartier 21, l’aire de jeu du ZOOM, le musée des enfants, avec son théâtre, plus un musée du tabac, un quartier de la danse et un centre dédié à l’architecture. Voilà qui donne le sentiment que Vienne s’est mis au premier plan de l’art du XXIe siècle.

A dire vrai, jamais la ville des Habsbourg n’a été à la traîne. Pionnière dans tous les domaines, elle joue les lignes géométriques de l’Art déco, dès les premières minutes du siècle dernier sous les couleurs de la Sécession, avec Otto Wagner, son architecte-concepteur, comme chef de file et Josef Maria Olbrich, qui signe le pavillon fameux du 12 Friedrichstrasse. On visite là, sous un étonnant dôme à la feuille d’or, la frise dédiée à Beethoven par Klimt, puis on suit, sur la Linke Wienzeile, les immeubles clés de Wagner: la demeure aux médaillons, puis celle des majoliques, et, bien sûr, l’entrée monumentale du métro, entre le Nachmarkt, dédié aux victuailles, et le marché aux puces.

De là, Vienne se dévoile comme un musée de plein air, avec ses immeubles Jugendstil, la Postparkasse ou l’Horloge de l’Ancre sur le Hoher Markt de Franz Matsch, sans omettre, près du délicieux Schwarzen Kameel, traiteur Art nouveau, la pharmacie de l’aigle. On ira se recueillir sur toutes ces belles réalisations qui furent d’avant-garde, au MAK, le grand musée des arts appliqués, dans le noble immeuble signé Ferstel, en se disant que Vienne et ses ateliers (les « Wiener Werkstätte ») imaginèrent tout avant tout le monde. Ville des lumières, comme née d’un rêve artiste, elle continue d’enchanter sans fin l’amateur de beauté.

Y aller

Austrian Airlines (www.austrianairlines.com) et Air-France (www.airfrance.fr) assurent 7 vols directs quotidiens Paris-Vienne en 1h50 au départ de Roissy II.

Utile

Office National Autrichien du Tourisme, Service Info Vacances, Tél. 0811 60 10 60 (no appel tarif local), Site: www.austria.info/fr

Office du Tourisme de Vienne, Site: www.wien.info/fr

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Publié le 1 décembre 2011 par

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