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Zuem Strissel

« Strasbourg: le Strissel, QG historique »

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Article du 23 novembre 2011

Accueil au Strissel © Maurice Rougemont

C’était jadis Zur Witterer (au Bélier) en 1385. C’est devenu Zum Strauss, puis Zum Vogel Strauss, ce qui signifie à l’autruche, que l’on traduit en Strissel en alsacien. Ce dernier nom est resté, avec un rien d’ambiguité. Strissel veut dire aussi le bouquet. Cette demeure qui fut une brasserie – brassant sa bière sur place – est devenue un débit de vin abritant les corporations vouées aux métiers de bouche et à ceux de la vigne. D’où la richesse de ses sculptures, ses vitraux, qui exaltent les vendanges et l’art du vin.

Vitraux © Maurice Rougemont

Les dynasties s’y sont succédées, embellissant la demeure. Ainsi les Brandhoffer, puis les Borrer, enfin les Schrödi et plus récemment les Valmigère qui sont aussi à la tête de Yvonne, la plus fameuse des winstubs strasbourgeoises. Jean-Louis, le paterfamilias, a bichonné la décoration, nettoyé bois et cuivres, disposés ici et là de beaux tableaux (une belle tête de paysan signée Kamm, un bouquet de Lothaire Von Seebach, quelques natures mortes), à côté des marqueteries (de Spindler), de diverses gravures et d’une reproduction de Stosskopf. Si bien que la demeure qui a toujours eu le « look » ancien, possède un petit air de musée vivant qui lui sied comme un gant.

Salle du premier étage © Maurice Rougemont

Autant dire que cette winstub emblématique du genre (Frédérique Hébrard y situa une scène strasbourgeoise de son roman « le Mari de l’Ambassadeur ») détonne dans le concert du genre: elle est la plus ancienne de la famille, l’une des plus belles, la plus représentatives du genre, même si sa taille, ses salles, ses étages, pourrait l’en faire sortir, stricto sensu. Si l’on s’en tient au rez de chaussée, qui sait être sombre en pleine journée, ne laisser passer la lumière des vitraux qu’en catimini, on se dit que la demeure possède éminemment du caractère. Il y a les banquettes en lattes de bois, les stammtisch – la table d’hôte – l’entrée et puis tous ces mets, bons et braves, qui disent de façon assez fine la tradition d’ici.

Salle du pressoir © Maurice Rougemont

L’intégriste du genre sera peut être choqué de voir qu’on y sert des tartes flambées qui sont davantage l’apanage des auberges de campagne du Kochersberg. Mais celle-ci décliné en quatre versions (notamment une amusante à l’huile de truffe) est exquise et fine (la traditionnelle est épatante). Et tous les mets alsaciens de toujours répondent présents à l’appel: escargots, salade mixte, rollmops et crudités, tarte à l’oignon (archi fondante), presskopf maison à l’ancienne. On y ajoute les suggestion du jour, les divers foie gras, comme celui d’oie maison, en terrine. Bref, c’est à la fois canaille, gastro et fort soigné.

Plats © Maurice Rougemont

On y ajoute la choucroute garnie, le jambonneau, le jarret de porc braisé à la bière, le baeckoffe aux trois viandes, le coq au riesling avec ses spatzele, les quenelles de foie poêlées aux petits lardons, plus une bouchée à la reine, dissociée, présentée avec son vol au vent nature, sa garniture crémée de ris de veau et champignons, ses nouilles al dente (le chef est mi-napolitain mi alsacien!): bref, on se régale là sans mal.

Plats et desserts © Maurice Rougemont

On boit là dessus un pinot blanc signé Kientzler, frais comme l’onde, et on se régale in fine avec le kougelhopf glacé au kirsch ou encore l’exquis petit vacherin glacé vanille/fraise maison. Autant dire que ce Strissel beau, bon, historique, est en train de se regagner une réputation digne de sa légende.

La grande salle du rez de chaussée © Maurice Rougemont

Zuem Strissel

5, place de la Grande Boucherie
67000 Strasbourg
Tél. 03 88 32 14 73
Carte : 30-40 €
Site: www.strissel.fr

A propos de cet article

Publié le 23 novembre 2011 par

Zuem Strissel” : 4 avis

  • Jean

    Il faut revoir le lieu, vendu par JL depuis cet article. Oui, son fils a démontré une telle incapacité à être simplement accueillant que l’issue était inévitable . Rien à voir avec ses enfants qui tiennent remarquablement Chez Yvonne. Comme quoi la filiation ne fait pas tout.
    Maintenant ce n’est plus mais plus du tout pareil … Mais je suis curieux de lire prochainement votre critique.

  • Marie

    La meilleure adresse selon moi pour manger local, ce restaurant sort du lot et se place très très loin de la qualité médiocre des restaurants touristiques autour de la cathédrale

  • François

    J’avais invité, ce dimanche–après la Saint Valentin, un groupe d’amis et d’amies très chers dans ce restaurant que je fréquente, en solitaire, depuis de nombreuses années. Je savais donc, pour l’avoir personnellement vérifié, que le service était impeccable, que les portions étaient généreuses, que le vin était de qualité…
    Eh bien, il en a été ainsi une nouvelle fois. Malgré l’affluence, le service a été rapide et courtois, le personnel à tout instant disponible et souriant, l’atmosphère détendue et sans aucune prétention.
    Bref, une réussite.

  • Flex

    Merci Gilles, ça donne envie de retourner « intra-muros », mais là je crois qu’on va attendre la fin du rush touristique de Noël !

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