Hôtel - Le Relais Bernard Loiseau
« Saulieu: retour chez Bernard »
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Il y aura neuf ans, en février prochain, que Bernard Loiseau n’est plus. Et je n’écris jamais sur lui sans émotion. J’étais un chroniqueur débutant quand il gagnait déjà les étoiles ici et là dans la course qu’il s’était fixée, qu’il m’emmenait découvrir ses collègues, voisins et amis, de Meneau à Lorain, de Billoux à Blanc. Qu’il m’invitait chez lui avec les écrivains qui avaient choisis ses parages morvandiaux et bourguignons pour lieux de halte et d’enracinement (Jules Roy, Jacques Lacarrière) ou de passage (Jacques Lanzmann, Bernard Frank). Je me souviens encore de sa chambre à la Rubempré dans l’ancienne Côte d’Or rachetée par Claude Vergé, où il n’avait pas de place pour accrocher ses affaires, des journaux empilés sur l’armoire, de la page de Paris-Match où les Troisgros fêtaient, alors qu’il était arpète à Roanne, leurs trois étoiles.
Les souvenirs s’estompent, si la mémoire s’emballe. La Côte d’Or s’appelle désormais le Relais Bernard Loiseau. Le vieux relais de poste de Dumaine puis de Minot, revu par Bernard puis Dominique Loiseau, est devenu une étape de grand luxe, estampillée Relais & Châteaux, avec ses suites en duplex, ses chambres de charme, cosys, boisées, douillettes, avec leurs vues sur un patio fleuri. Une étape comme une autre? Bien sûr que non.
Nous sommes là en plein mythe ravivé. On ne peut venir ici sans aller faire un saut au proche musée François Pompon face à la Basilique St Andoche, où se conte l’histoire de la ville, qui fut de tout temps carrefour d’étape. On a semé aujourd’hui, rue d’Argentine qui est, toujours, celle des hôtels et des auberges (la Borne Impériale, la Poste, la Tour d’Auxois, le Relais), les oeuvres du sculpteur animalier natif d’ici, son taureau – que l’on trouve aussi à Laguiole -, comme son ours polaire, et on conserve pieusement les belles enseignes d’avant.
Cela pour dire qu’un séjour à Saulieu (1h en train par TGV de Paris gare de Lyon à Montbard, puis 40 mn de route) est comme un pèlerinage gourmand qui se gagne et se mérite. Si Bernard avait droit a une seconde vie, je suis sûr qu’il serait heureux et fier de voir son oeuvre prolongée, choyée, embellie. Et son esprit toujours vivant.
Sans doute Monsieur Poulet, sans doute, mais pourquoi, entre nous, parler de « curieux hasard » ? Une certitude, en tout cas : la direction de l’établissement qui nous (pré)occupe n’a pas oublié le Maître puisque, comme le rappelle notre hôte, « La Côte d’Or » s’appelle désormais le « Relais Bernard Loiseau »…
C’est bizarre, mais tous ceux qui évoquent avec émotion la mémoire de Bernard Loiseau oublient, certainement par un curieux hasard, l’existence de Chantal Loiseau et d’Hubert Couilloud, comme si ces 2 personnes n’avaient jamais participé à l’aventure de la Côte d’Or …