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« Alzérat, l’antidépresseur (Paris 14e) »

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Article du 19 juillet 2010

Serge AlzŽérat, L’Opportun © Maurice Rougemont

Mais, grands dieux, qu’est ce que je fais donc à Paris un lundi d’après le 14 juillet, par jour de grande chaleur? Les mauvaises nouvelles arrivent: tante Lisa décédée, l’enterrement est demain à 15h15 au cimetière de Bagneux. Mais il faut que la vie continue. Tante Lisa (90 ans, elle aurait eu 91 cet été…) aimait la vie, le champagne et les bonnes tables. Ce midi, près du Point, je ne connais qu’une seule personne pour vous redonner le moral: Serge Alzerat. Le bonhomme, qui a dépassé le quintal, ne prêche pas la cuisine minceur. Il est ce que nous avons nommé, Maurice Rougemont et moi même, une des plus belles Grandes Gueules de la cuisine française (voir le livre à ce titre chez Glénat).

Tablier de sapeur © Maurice Rougemont

Chez lui, la cuisine est un acte d’amour. Ce « beaujolothérapeute » soigne nos mélancolies tenaces du lundi midi à coup de saint amour du domaine Lassagne, une pure merveille, un nectar, que dis-je, un pur jus de framboise, un cru à être remboursé par la Sécurité Sociale. Dépressifs, lâchez l’Effexor et le Prozac et courrez chez maître Alzérat goûter son élixir d’éternelle bonne humeur. En guise de plats solides, les belles terrines, les anchois marinés, le tablier de sapeur, l’andouille des 5A sauce moutarde ou l’onglet de veau (celui de petite taille à 20 € qui fait un formidable morceau, tendre à souhait et si goûtu) servi avec des échalotes: voilà qui vous requinque.

Alzérat, qui a de l’humour pour trois, m’amène son assiettes frites « maison », croquantes et moelleuses à la fois, en m’expliquant: « voilà les frites de François Simon ». Sous entendu, celles que mon bien aimé confrère du Figaro a massacré avec un bel appétit en les traitant de congelées ou d’industrielles. Je ne sais plus. Suis-je comptable des âneries qu’écrivent mes confrères? Nous en rigolons ensemble. Mais si ça se trouve, François, dont l’honnêteté n’est pas discutable, est tombé sur un jour « sans ». Moi, et Etienne Gernelle, mon jeune et nouveau directeur de la rédaction du Point, gourmand comme un chat, sommes, manifestement, tombés sur jour « avec ».

Ile flottante © Maurice Rougemont

En guise de dessert, nous aurions pu prendre les oeufs en neige, façon île flottante, la tarte aux fruits du jour ou craquer sur le (merveilleux) plateau de fromages signé Mons à Roanne (originaire des environs de la ville des Troisgros, Serge aime faire travailler les gens du pays). Mais nous avons préféré nous en tenir là, quoiqu’en sacrifiant à une larmichette de rhum JM, signé des Héritiers Crassous de Médeuil, à Macouba, au nord de la Martinique. Bref, une merveille, à défier un amateur de grands armagnacs ou de cognacs vertueux, mais avec un nez imparable de banane et de vanille. Au sortir de l’Opportun, je songeais encore à tante Lisa que j’allais revoir demain pour la dernière fois et le rose m’était revenu aux joues. Je l’avais compris: Serge Alzérat n’est pas simplement un aubergiste hors du commun. Il est, ce qui plus rare, un donneur de bonheur.

L’Opportun

62, bd Edgar Quinet
Paris 14e
Tél. 01 43 20 26 89
Carte : 45 €

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Publié le 19 juillet 2010 par

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