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Scènes de cure à Vichy

Article du 16 juillet 2010

La nouvelle gare de Vichy © Maurice Rougemont

Zut, la gare a changé! Sinon totalement de place, du moins de look. Et la grande rue qui, de là, mène au centre, est devenu semi-piétonne. Mais, rassurez-vous, à Vichy, le modernisme est sage.

On y soignait jadis le foie colonial. Mais aussi la vésicule biliaire, l’estomac, le diabète, la digestion, les affections rhumatismales. On s’y voue désormais à la remise en forme, aux soins de beauté, à la diététique, au bien-être, bref aux maladies modernes, qui font des occasions de soins savoureux.

Prenez la « douche de Vichy », ce massage synchronisé à quatre mains effectué par deux infirmières zélées qui traitent, avec vigueur, le patient nu comme un ver, abandonné à leurs soins, sous affusion d’eau thermale, avec de l’huile d’abricot. Délicieux et revigorant. Les Wildenstein, père et fils, avaient coutume de traverser l’Atlantique pour s’y soumettre. Il y a aussi les bains multi-jets, l’enveloppement de boues, les jets tonifiants de la douche à pomme, la gymnastique en rythme dans une baignoire-piscine, les massages toni-musculaires, dans l’eau chaude, la douche rayonnante. Bref, de quoi occuper le curiste à temps plein.

Petite ville d’Allier, avec son vaste parc hôtelier qui se réduit comme une peau de chagrin, son bel opéra, le plus vaste de province, son casino, ses parcs, ses jardins, ses pavillons aux contours 1880, ses passages Belle Epoque, digne du quartier des Grands Boulevards à Paris, Vichy a gardé l’air princier d’une mini-métropole du cœur de la France. Ce n’est pas  un hasard si elle fut choisie comme « capitale de l’Etat Français » de 1940 à 1944. Ce qu’aucune plaque ne rappelle, sauf, face à l’ex-hôtel du Parc, une stèle des enfants de déportés.

Le Vichy du juste avant-guerre, avec ses hôtels multiples, son réseau téléphonique, ultra-moderne pour l’époque, sa ligne ferroviaire, directe depuis Paris, le Thermal express, avait de quoi séduire. Non loin de la ligne de démarcation, qu’on franchissait à Moulins, elle pouvait accueillir gouvernants, fonctionnaires, collaborateurs divers. Elle en a gardé un fort parfum rétro. On visite le Grand Casino Théâtre de 1902, avec sa salle Art Nouveau, celle-là même où furent votés les pleins pouvoirs à Pétain, non sans un pincement au cœur: une plaque est dédiée aux 80 qui refusèrent le vote unanime. Le lieu se double désormais d’un palais des Congrès contemporain qui permet à Vichy de ne pas se bercer dans les souvenirs.

Tout autour, le parc thermal forme un vert écrin avec ses pavillons charmeurs: hall des Sources de métal et de verre, centre thermal des Dômes de style mauresque imaginé par Lecœur, avec son dôme, ses fresques symbolistes signées Osbert sur le thème du bain et de la source, kiosque à musique et, bien sûr, galeries couvertes d’Emile Robert rapatriées de l’exposition universelle de Paris de 1889, remontées ici même en 1900, avec leur travail de ferronneries ouvragées, ses notes musicales, ses chardons.

Il y a encore les proches chalets de Napoléon III, de style helvète ou colonial, proches du parc bordant le lac d’Allier, le moderne centre des Célestins, relié au grand Sofitel par une passerelle. Le Vichy d’aujourd’hui donne ici la main à l’ancien, comme les cures qui se prolongent, en ayant changé de nature. On n’aura garde d’oublier la visite aux demeures des grands hommes locaux, Valery Larbaud, dont a reconstitué le bureau avec ses livres dans la médiathèque contemporaine, Albert Londres, dans sa demeure néo-gothique, qui fait face au Castel Français (et non François…) qui abrita François Mitterrand et son association d’aide aux prisonniers de guerre durant les années noires.

On n’omettra pas non plus la visite du vieux Vichy, de l’église Saint-Blaise, dédiée à Notre-Dame des Malades, avec ses formes géométriques et ses beaux vitraux. Un cinéma Art déco, lui aussi, qui abrita la milice durant la guerre, fait désormais une belle salle de concert. Et tout à côté, la petite synagogue années 20 a conservé son style d’époque. Ces raccourcis dont Vichy est friande lui donne son charme prenant, son ambiguïté séduisante.

Les plaisirs gourmands (Decoret, Basset, Michelangelo S., la Rotonde ou Meunier et ses fromages), ce serait pour après. Pour tout bientôt!

Carnet de Route

Le service au N3

Y aller

. Paris-Vichy: 3h en train SNCF.

Dormir

. Les Célestins, 111, bd des Etats-Unis. Tél. 04 70 30 82 00.  Chambres: 200-308€. Grand hôtel moderne au luxe contemporain, idéal pour la remise en forme. Cuisine diététique et légère, au N3 et au Bistrot des Célestins, sous la houlette de Pierre-Yves Lorgeoux.

. Aletti Palace Hôtel, 3, pl. Joseph-Aletti. Tél. 04 70 30 20 20. Chambres: 125-191 €. Palace Belle Epoque avec ses chambres rénovées de façon drastique.

. Pavillon d’Enghien, 32, rue Callou. Tél. 04 70 98 33 30. Chambres: 50-81 €. Façade anodine mais charme intérieur dans ce petit pavillon près des thermes Callou.

Rapporter

. Caramels, bonbons et chocolats aux Marocains, 33, rue Georges Clemenceau.

. Pastilles Vichy chez Moinet, 4, rue Source de l’Hôpital.

. Fromages d’Auvergne et d’ailleurs chez Meunier, 9, rue du Portugal.

Lire

. « Auvergne » (Guide Vert Michelin, Guide du Routard et Guide Bleu)
. « 1941 » de Marc Lambron (Grasset).

Utile

. Office du Tourisme, 19, rue du Parc, 03200 Vichy. Tél. 04 70 98 71 94. www.vichy-tourisme.com

A propos de cet article

Publié le 16 juillet 2010 par

Scènes de cure à Vichy” : 1 avis

  • DOLCI Isabelle

    Infirmière au thermes de Vichy (Callou et Dômes) j’ai une petite remarque à faire.
    Nous sommes deux sur les établissements qui sont médicalisés et jamais nous n’avons pratiqué avec zèle de douche de Vichy sauf en tant que cliente 😉
    Ce sont des hydrobalnéoloques qui pratiquent ces soins.
    Merci

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