De Bobosse, on connaît la gouaille du fondateur de la maison, l’inénarrable René Besson, dit « Bobosse » pour les amis, qui nous fit, jadis, découvrir, à minuit passé, la pissotière de Clochemerle alias Vaux-en-Beaujolais. L’histoire est véridique, nous étions trois et Maurice Rougemont, mon photographe zélé, peut en témoigner. René Besson, qui se prenait volontiers pour le curé du roman de Gabriel Chevalier, était un grand amateur de farces autant que de ripailles. Cet artisan soigneux, qui avait fait de ses ateliers de Saint-Jean-d’Ardières son mini empire et de la capitale des gones sont royaume, s’était connaître dans le monde entier grâce à ses potes, Paul Bocuse, Georges Duboeuf et quelques autres. Sa gloire, qui n’étaitpas seulement lyonnaise, rejaillissait sur toute la région du Beaujolais. C’est à lui, son personnage, ses facéties, sa légende, mais aussi ses produits toujours dans le vent sous la houlette de ses successeurs, Pierre Couturier et Bruno Delattre, ses recettes immuables et celles, modernes, au goût du jour, de ses épigones qu’est consacré ce beau livre. Avec les photos de Bobosse en soutane, et au Val d’Isère entre Paul B. et Georges Blanc, les histoires et recettes du sabodet, du saucisson de Lyon, de la rosette, de la quenelle, du pied de cochon et du jésus, voilà un ouvrage charcutier qui donne faim mais qui se présente d’abord comme une bonne action.

Bobosse, la charcuterie au goût du jour, d’Audrey Rollet, photos de Aurdelio Rodriguez (Glénat, 224 pages, 39 €)