Le Bada de Bernard Stora
Le Bada : le premier roman d’un écrivain octogénaire, scénariste et co-réalisateur connu (notamment pour Rappeneau), cinéaste fêté (vous souvenez-vous du « Grand Charles » avec Bernard Farcy dans le rôle de de Gaulle pour la télé?). Cette fois-ci, Bernard Stora reconstitue l’itinéraire de Jean Costa, couturier surdoué, juif d’origine dans la France occupée, en septembre 1943, caché dans un village de haut-pays niçois chez son amant Aldo, et veillé par la mère de ce dernier. Doit-il partir vers la Dordogne? Se cacher encore? Se réfugier ailleurs? Il attend, en tout cas, l’argent qui lui permettra de fuir. Le dilemme dure une journée -et 400 pages – où se croise toute sa vie, celle de ses origines, de sa famille à la fois ashkénaze et séfarade, originaire d’Algérie. Fasciné par Jean Patou, dont il a été coursier à Paris, créateur convoité à Nice, où son concurrent Malassis propose de le racheter, il doit faire des choix de vie. L’attention ne se relâche guère. Les récits croisés se livrent ici à bride abattue. Drôle, tragique, touffu, le destin de Jean Costa peut-il défier l’Histoire avec un grand « H » ? Ce premier roman d’un auteur expérimenté cumule tous les genres, avec réussite.
Le Bada, de Bernard Stora (Denoël, 400 pages, 21 €).