Voilà un lieu à l’ancienne,à la fois bistrot balzacien et brasserie parisienne au mieux de son style et de sa forme : il y a ce décor millésimé 1854, avec ses stucs, ses miroirs, ses splendides mosaïques au sol, son vaste comptoir d’entrée, ses plafonds de hauteurs variées (haut dans la salle centrale, bas dans dans les autres), ses beaux salons qui évoquent ceux du Café Florian à Venise, avec une équipe de salle renouvelée.

Un salon © GP

Ce « Petit Riche », appartient à la famille Lameloise, notamment propriétaire de l’immense Brasserie Georges, près de la gare de Lyon Perrache, dans la capitale des Gones, possède l’allure d’un monument retrouvé, peaufiné, patiné. La nouveauté et la prime en cuisine : l’atout que représente le jeune chef d’origine uruguayenne Juan Moncalvo, 36 ans, qui a travaillé douze ans au très discret et très chic Quai Voltaire. Il revoit là les classiques français avec goût et légèreté.

Terrine de langue © GP

Au menu, salade de lentilles du Berry et lard fumé, escargots de Bourgogne au beurre fin et persil, terrine de foie gras de canard flanquée de sa poirée tapée de Touraine, ceviche de dorade et nage verte de coriandre ou encore belle terrine de langue de cochon aux condiments à l’ancienne mais au goût moderne enchantent sans faillir.

Quenelle © GP

On y ajoute les poissons au fil des jours (dorade cuite sur la peau et petits pois en deux textures, saint-pierre au vin de Loire), mais aussi la fort traditionnelle et si moelleuse quenelle de brochet à la lyonnaise avec sauce crustacé, travaillée en légèreté, comme la fine tête de veau sauce gribiche toutes deux servies dans leurs cocottes en fonte.

Tête de veau © GP

La carte des vins, composée par le sommelier maison, Jean-Paul Bruatto, est toujours largement dédiée à la Loire, avec quelques flacons de Touraine et du Berry d’exception. Ainsi, la splendide pouilly-fumé Terres de caillottes de François-Xavier Barc « les complices de Loire » ou le superbe chinon à la fois fruité et boisé de Pascal Lambert « le chêne vert » à Cravant-les-Coteaux.

Le Paris-Brest © GP

On achève sur des plaisirs sucrés griffés du sceau de la gourmandise éternelle, souvent revus juste ce qu’il faut, comme le Paris-Brest, version petits choux, allégée, mais où le goût de noisette s’exprime pleinement. Plus la tarte au citron meringuée de bien jolie tenue. Voilà un aggiornamento discret, mais réussi.

Le chef Juan Moncalvo © GP