Le Grand Balcon

Place du Capitole © GP

Il faut arriver de nuit à Toulouse, quand la brique légendaire se pare de rouge carmin, quand le rose du crépuscule se mue en pourpre. La perspective de la Garonne depuis le Pont Neuf évoque l’Arno, une Florence du Sud-Ouest, même si, dans les venelles qui mènent au Capitole, comme dit Nougaro, « l’Espagne pousse un peu sa corne ».

C’est dire, surtout, que Toulouse est ailleurs. Cette capitale du rugby et de l’aérospatiale, qui fut la ville des Capitouls, des IXe au XIIIe siècles, a toujours eu des velléités d’indépendance. « Il n’y pas qu’à Paris », entend on ici ou là. D’ailleurs, en tous les domaines, la ville rose a soin d’affirmer sa nature. Gourmande, elle a fait du marché Victor Hugo un bastion de sa fierté. Dans et autour cet édifice de béton rond les belles boutiques abondent. Ils sont fromager comme Bougon, torréfacteur comme Bacquié, caviste comme Busquets, volailler comme Samaran et disent la fierté de détenir ici quelques uns des plus beaux produits de l’hexagone.

Les stucs du Bibent © GP

Artiste, Toulouse vend sa trentaine de sites à visiter, ses magnifiques églises, sa basilique Saint-Sernin, son musée des Beaux Arts dans le couvent des Augustins, l’église des Jacobins, sa cathédrale Saint-Etienne, mais aussi son ancien abattoir mué en musée d’art contemporain avec son immense fresque de Picasso créé comme rideau de prestige pour le Théâtre du Peuple. En l’hôtel d’Assézat, sa plus riche demeure particulière, trônent les trésors de la fondation Bemberg, l’une des plus prestigieuses qui soient, tout récemment agrandie, pour accueillir sa collection de Bonnard, ses Canaletto et ses Guardi, ses Cranach et ses Maurice Denis.

Est-ce assez pour dire qu’il faut davantage qu’un week-end pour profiter des richesses de la ville? Ses abords sont le Quercy ou l’Albigeois, le Gers ou le Comminges. Mais, carrefour du grand midi, point d’exploration pour toute la région Midi-Pyrénées, Toulouse est d’abord une cité qui se visite à pied.

Christian Constant place du Capitole © GP

Le Capitole, cet immense hôtel de ville du XVIIIe, qui tire son nom de l’ancienne assemblée des Capitouls, longue de 128 mètres, ornée de pilastres ioniques, joue habilement de l’alternance de pierres et briques. Le donjon, sur l’arrière, abrite l’Office de Tourisme. Les rues piétonnes alentour (Saint-Rome ou des Changes) ont gardé le tracé d’avant. Avant de gagner les placettes en triangles ornées de fontaines, on n’omettra pas de prendre le temps de rêver sur la place elle-même. Avec ses deux cafés  fin de l’autre siècle (le Bibent  repris par Christian Constant, je vous en reparle vite, et le Florida), qui figurent le Flore ou les Deux Magots locaux, les 29 tableaux de couleurs vives, placés sous les  arcades et signés Moretti, évoquant l’histoire de la ville, ses échoppes et ses terrasses indiquent le lieu d’une pause dans la promenade.

Les belles hôtelières ne manquent pas: les Jardins de l’Opéra, le Crowne Plaza et quelques autres flirtent joliment avec le Capitole. Mais si vous recherchez à la fois luxe, charme et histoire, pas d’hésitation, prenez place au Grand Balcon. L’hôtel mythique des pionniers de l’aéropostale a subi une cure de jouvence. Ce qui fut le QG vieillissant des Mermoz, Saint-Ex ou Guillaumet, sous l’égide de trois sœurs amies de Latécoère, est devenu un monument du design nouveau style. Si on a gardé la chambre de St Ex, devenue musée, dans son jus ou presque, avec une vue plein cadre sur le Capitole (la 32), et conçu la suite 414 comme l’un des plus beaux panoramas sur la grand place de la ville rose, tout l’hôtel, dédié aux as de l’aviation    a pris un jolie tournure blanche et zen. Belles salles d’eau, literie de qualité, mobilier high-tech donnent envie de venir passer un week end au cœur des choses. Grignotages au bar avec sushi extra frais.

Renseignements pratiques et touristiques sur Toulouse: www.toulouse-tourisme.com