Hervé Le Tellier (prix Goncourt 2020 pour l’Anomalie) crée un « seul en scène » pour le comédien Gilles Cohen autour de Winston Churchill. Le propos : un homme seul prénommé Charles, que sa femme a quitté et se repasse son dernier message téléphonique en boucle, qui fait du télé-travail pour une comédie d’assurances, met la table, ouvre le champagne, prépare les cigares, met le jambon au four, pour son hypothétique dîner en solo avec Sir Winston. Ce faisant, il se remémore les défaites et les victoires de ce dernier, ses morceaux de bravoure, ses discours les plus fameux, bref ses leçons de vie. Charles aide un improbable argentin qui fait du tourisme à Berchtesgaden à réparer sa voiture tandis que le fil de l’histoire, imperturbable, se déroule avec un grand H, et que l’alcool aide Charles comme il le fit pour Sir Winston à tenir le coup. C’est drôle, burlesque, entre drame et comique de répétition. Une lecture tonique, vive, verveuse, douce-amère, qui fait de l’auto-dérision un bel art.

Mon dîner avec Winston, d’Hervé le Tellier (Folio, 96 pages, 6,90 €).