Qu’est ce qui relie Brigitte Bardot et Geoges Bizet, Bernard Loiseau et Gérard Philipe, Joseph Kessel et Philippe Auguste, Danton et Marie-Curie, Romain Gary et Rabelais, De Gaulle et les verts de Saint-Etienne? Le panache, l’orgueil, les vertus d’être français avec bravoure. François Cérésa, dont on connaît ici les romans et qui anime « Service Littéraire », revue d’écrivains dissertant sur la littérature qui ne mâchent pas leurs mots,  fait l’inventaire ici de ses héros connus ou obscurs qui donnent envie de redécouvrir les notions de courage et d’élégance, les mariant « à la mélancolique flamboyance des causes perdues« . Il rend justice à ces héroïnes révolutionnaires éprises de liberté que sont Théroigne de Méricourt et Olympe de Gouges – l’une des deux finira folle, l’autre sur l’échafaud – , redonne vie à Antoine-Charles-Louis de Lasalle, soldat de Napoléon, né à Metz en 1775, à qui on droit cette formule sublime : « tout hussard qui n’est pas mort à 30 ans est un jean-foutre » – même s’il décède à 34 ans au soir de la Bataille de Wagram. Cérésa manie l’art du portrait avec prestance et droiture – on allait dire « panache » -, rend justice au grand Bernard de Saulieu, qui fut l’un des cuisiniers les plus hardis et les plus singuliers, vivement critiqué pour ses sauces « à l’eau -, raconte avec faconde ses repas de légende et d’amitié (au Bistrot de Paris et chez lui) avec Maurice Druon, évoque avec brio les grands seigneurs du cinéma que furent Jean Rochefort, Philippe Noiret et Jean-Pierre Marielle, merveilleux bateleurs, admirables saltimbanques. Voilà un livre qui se dévore avec gourmandise, se picore avec amour, d’un trait ou en zig-zag, se reprend, se relit. Bref, voilà un futur ouvrage de chevet qui donne des envies de héros français en un temps qui en manque cruellement.

Dictionnaire égoïste du panache français, de François Cérésa (Cherche Midi, 395 pages, 22 €).