Beyrouth : une ville mosaïque qui survit à tous les drames de l’histoire, les guerres civiles, les massacres, les destructions, les ambitions, les corruptions. Daniel Rondeau qui s’y promène depuis quelque trente cinq ans, raconte « son » Beyrouth, fait de ses rencontres rares, de Mgr Sfeir à Michel Aoun, de Salah Stétié à Adonis, de Raymonda Tawil à Venus Khoury-Ghata ou à Fayza el Khazen, bien d’autres encore. Poète, président, patriarche ou chauffeur de taxi, chiite, maronite, sunnite ou libre penseur, tous lui ont ouvert leur coeur. Ce livre est celui d’un promeneur qui traîne son miroir sur le chemin et a surtout soin d’être fidèle aux paroles fugaces et désenchantées des amis de hasard. Rondeau, qui avait déjà tracé le portrait de Tanger, de Malte, d’Istanbul, d’Alexandrie et de Carthage, prolonge ici ses « chroniques du Liban rebelle » avec ce portrait en creux d’une ville monde. C’est d’un pays en éternelle survivance qu’il s’agit. Bien au-delà de Beyrouth, l’éternelle sacrifiée, d’un Liban menacé par ses crises endémiques, un système politique vicié, d’un pays confetti qui survit et, tel le phénix, renaît toujours de ses cendres.

Beyrouth Sentimental, de Daniel Rondeau (Stock, 218 pages, 19,50€).