La confession d’un hétéro dépassé de Frédéric Beigbeder

Article du 5 mai 2023

Il a choisi de vivre loin de Paris, dans une grande demeure du pays basque, avec sa femme et ses deux jeunes enfants. Mais la dite maison a été méchamment taguée (et sa voiture avec) par des vandales non identifiés. D’où le traumatisme vécu par l’écrivain noceur, le scénariste dialoguiste et pubard, devenu célèbre depuis 99 francs et Windows of the World – on en oublie au passage – qui a également vécu une scène de hold up (sans rire) au Ritz, le noceur invétéré mué en papa sage et en cinquantenaire lucide sur lui-même. Frédéric Beigbeder est ainsi passé, sans crier gare, de la situation d’écrivain provocateur à celui de chroniqueur maudit de notre temps dominé par les #metoo et les réseaux sociaux. Il a dit adieu à la drogue, s’est décidé à manger sainement, sort moins, attend la fin du monde et la sienne, nous souhaitant à tous une joyeuse apocalypse. Obsédé par sa propre image, le créateur d’Octave Parango se sait conteur expert. Dans ce qui apparaît ici comme un plaidoyer drôle, vif, rédigé par une constance alacrité, il se confesse sans pudeur excessive. Un séjour en monastère ou dans un régiment militaire,  au terme d’une soirée très arrosée au festival de Cannes, conté tous deux avec verve et humour, lui fournit l’occasion d’une immersion dans une monde meilleur. Courageux et drôle, provocateur aussi, lorsque il se voit en victime catholique universelle, fustigé par un monde où il ne se reconnaît plus, il nous offre un plaidoyer pour lui-même  qui se lit avec un constant plaisir. Il permet d’imaginer FB heureux.

Confessions d’un hétérosexuel légèrement dépassé, de Frédéric Beigbeder (Albin Michel, 165 pages, 19,90 €)

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Publié le 5 mai 2023 par

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