Vivre dans l’ombre d’un grand homme, être son partenaire, son modèle, son assistante, sa trame voilée : il y a de cela chez Joséphine, l’épouse d’Edward Hooper qui renonce à sa carrière d’artiste pour se fondre dans son rôle, s’efface, s’oublie, mais à peine, au fil  de la gloire de son mari qui grandit. Lui géant, elle minuscule, lui développant son oeuvre à la fois humaine et inhumaine, elle arc boutée sur ses aquarelles qui finiront dans l’oubli : Javier Santiso,par ailleurs traducteur de l’espagnol, livre ici un premier roman diablement maîtrisé qui constitue un remarquable exercice de style. Joséphine conte, se raconte, s’efface. Chaque toile raconte une histoire, de solitude, de faim ou de force, de nuit et d’oubli. Cette femme en rouge qui regarde au loin, vers l’océan, on ne sait, c’est sans doute elle, mais pas certain… Le mystère Hopper se révèle ici, tout en se voilant encore. Voilà une première oeuvre d’une vraie force.

Un pas de deux, de Javier Santiso (Gallimard, 240 pages, 20 €).