Tikoun Olam

Décor © GP

« Tikoun Olam » : autrement dit la « réparation du monde« . Sous ce beau programme d’obédience hassidique (il ne faut pas détruire le monde ni faire table rase pour le recommencer, mais le réparer pour lui redonner sens et chaleur) se découvre un lieu gai, clair, plaisant, bruyant, animé, avec sa cuisine estampillée « casher », pourvue du sceau officiel du « Beth Din », ses belles viandes grillées et maturées, ses plats d’origine levantine façon Tel Aviv. Aux commandes, le jeune David Elkabbas, 34 ans, accueille avec empressement et veille sur l’ensemble avec une nonchalance complice, glissant d’une table à l’autre avec adresse.

Aubergine, chou fleur, pita, kefta © GP

Le service est un peu à son image, avec sa décontraction à l’israélienne mêlant astucieusement j’menfoutisme et gentillesse – il faut parfois s’y reprendre à trois fois pour attirer l’attention du personnel de salle, demander une carafe d’eau, faire recuire un plat, quémander un couvert. La carte propose de jolis plats à partager, comme la traditionnelle mais moderne aubergine « brûlée » au feu de bois, badigeonnée de tehina (la crème de sésame), le délicieux houmous nature ou, mieux, en version « bassar » (avec de la viande de bœuf hachée), la pita et tehina, le chou-fleur pané sauce aigre douce ou encore la salade de haricots verts aux champignons.

Houmous bassar © GP

En vedette, on découvrira avec ravissement une exquise kefta (très) épicée proposée bien rosée avec pita et pousses d’épinard, plus un condiment pimenté. Les « parguites » (brochettes de volaille, qu’on nommerait chich taouk au Liban) sont un tantinet sous-cuites (mais on peut aisément les faire recuire). Toute une panoplie de viandes grillées sont proposées là en prime, comme la côte (de boeuf ou de veau) à l’os, les brochettes druzes à l’agneau et au boeuf, l’entrecôte d’Irlande ou encore l’émincé de boeuf mariné.

Parguites © GP

On y ajoute les fraîches salades en accompagnement (comme l’israélienne aux tomates, concombres, oignons), ou celles pouvant constituer un plat (comme l’ashké, avec haricots, champignons et foies de volaille), le choix de vins éclectique. Les prix y vont sans doute un peu fort, mais le Recanati « cuvée Jonathan », produit en Galilée mixant cabernet-sauvignon et syrah, à 12 € le verre, fait un accompagnement tenant fort bien le coup sur les épices.

Service du vin © GP

On achève avec plaisir sur un sabayon servi froid, presque glacé, mais fort joliment gratiné au chalumeau façon crème brûlée. Et on peut oublier les sorbets un peu pâlichons (comme celui à la vanille assez fadasse) signés de la Boîte à Sorbets. Reste que l’ensemble se tient fort bien et l’ambiance est sympathique, franche, conviviale. Lehaim et Bete-avone!

Sabayon © GP