Elle est née à Vidigal, sous le nom d’Alessandra Gomes Barboza, dans une favela au sud de Rio de Janeiro, rêvait d’être maçon, est enceinte d’un petit garçon à 16 ans, débarque à Paris à 22, s’inscrit au CAP de cuisine à 32, a la révélation des techniques et de son talent. Elle est devenue la formidable cuisinière chaleureuse, lumineuse et solaire de Nosso et l’épicerie/cave Tempero, à deux pas de la bibliothèque François Mitterrand, éclairant ce secteur à la fois drôle, vif, moderne de sa présence si forte, si pleine d’énergie. Ses deux lieux sont à son image, comme cet ouvrage à la fois tendre et coloré, où elle raconte son itinéraire et son histoire mouvementée, ses recettes savoureuses et le compagnonnage avec quelques bons chefs et artisans (Alain Ducasse, Romain Meder, Adeline Grattard, William Ledeuil, Benoît Castel) qui lui ont ouvert leurs cuisines et leurs carnets secrets. Ce livre lui ressemble : vif, gourmand, pimenté, doux, amer, combinant sauces et condiments avec ferveur et passion. L’engagement anti-gaspi, la volonté de tout cuisiner, de ne rien jeter tient ici de l’exercice de style très authentique. Le maître mot d’Alessandra : le naturel. Mais aussi le sourire et le chaleur. Ce qui se retrouve dans son risotto métis (« mulatinho »), sa courge mariée à la clémentine et au kéfir, son maquereau mariné et grillé à la flamme,  sa tarte au chocolat comme son moelleux aux carottes ou sa brioche perdue. Comme son titre le suggère : un livre de coeur.

De Rio à Paris, Ma cuisine de coeur, d’Alessandra Montagne Gomes, textes Laurène Petit, photos Maki Manoukian (Flammarion, 35 €, 255 pages).