L’ogre dont il est question – que nul ne se leurre – est bien un certain Vincent Bolloré, même s’il n’est jamais nommé. Le sujet : le formidable appétit dont fait montre ce financier de choc, du monde du papier dont il est issu à la banque, puis au transport maritime (les établissements Delmas-Vieljeux), qui le pousse à tourner ses crocs vers l’Afrique, à l’édition (Editis), en passant par la télévision (Canal +) et les médias en général, dont Europe 1 et le groupe Lagardère. Le tout est conté avec une alacrité et une fausse naïveté toute voltairienne par l’auteur de « Grand Amour » et de « la Grammaire est une chanson douce ». Erik Orsenna qui a suivi de très près le parcours du breton conquérant et fait le pari de conter son parcours dans une forme et une longueur identiques à celle de « Candide ». C’est à la fois drôle, féroce, instructif, davantage que purement polémique. Au moment où l’ogre dont il est question s’apprête à mettre la main sur l’empire Hachette, la lecture de cet ouvrage, paru librement dans une maison concurrente, s’avère fructueuse. Bien joué, Erik!

Histoire d’un ogre, de Erik Orsenna (Gallimard, 175 pages, 18,50 €).