Bonnotte

Manon et Antoine Guichard © GP

Ils ont créé l’événement à Boulogne en novembre dernier, en reprenant un lieu qui eut son histoire gourmande (on y vit notamment Mohammed Fedal, petit roi de la cuisine marrakchi, qui en fit son ambassade couleur du « Suds » aux portes de Paris avant que l’établissement ne soit transformé en pizzeria). Manon et Antoine Guichard qui se sont rencontrés jadis au George V, sous le sceau d’Eric Briffard, y cuisinent à quatre mains avec talent, idées et légèreté.

Soupe de poireaux, butternut, graine de courge et feta © GP

Elle, corse d’origine, travailla pour le MOF Eric Trochon chez Sémilla. Lui, vendéen est fier de l’être (le coeur des chouans est l’un des emblèmes visibles de la maison, qui porte le nom de la pomme de terre fétiche de Noirmoutier), fut une décennie durant la doublure de David Bizet de l’Orangerie à l’Oiseau Blanc. C’est dire qu’ils ont du métier et que tout ce qu’ils touchent est frappé du sceau de la rigueur, du sérieux et de la régularité.

Millefeuille de céleri, sarriette, citron et praliné © GP

La bonne affaire, chez eux ? Ce menu, fort raisonnable, du midi qui rameute chez eux la foule des Boulonnais gourmands et économes à travers des choses vives et exquises qui seront, par exemple, une fine terrine de raie sur toast en amuse-bouche, une soupe de poireaux, avec butternut, graine de courge et feta, un millefeuille de céleri, sarriette, citron et praliné, un joli colin de ligne au cresson, avec betteraves multicolores et beurre blanc.

Colin de ligne, cresson, betteraves, beurre blanc © GP

On loue encore la tendre échine de cochon fermier avec son écrasée de pommes de terre, fenouil et jus à la moutarde, comme le saint-nectaire fermier au goût de terre servi avec sa salade d’hiver. Et en issue, on craque sur le soufflé au chocolat, mais aussi la poire rôtie aux épices, avec streusel noisettes et émulsion amande. Le soir, c’est tapas et mets à la carte à partager, mais la note demeure raisonnable.

Échine de cochon fermier, fenouil et jus à la moutarde © GP

Les jolis vins se livrent au verre avec malice, comme ce muscadet orthogneiss au domaine de l’Ecu soigné Fred Niger, le riesling cuvée Theo du domaine Weinbach de Cathy Faller, le fringant rouge de Provence issu de syrah et de grenache des Hoesch au domaine Richeaume, sans omettre l’impériale chartreuse verte qui clôt en terrasse une agape de charme. La belle maison !

Desserts © GP