Tout Jean-Paul Kauffmann ou presque en un seul volume où figurent « L’Arche des Kerguelen « , « La Chambre noire de Longwood, « La Maison du retour »,  « Courlande » « Remonter la Marne », « Outre-Terre », enfin  « Le Bordeaux retrouvé » : voilà un cadeau de début d’année offert par la collection Bouquins. En prime, une préface inédite de JPK soi-même qui s’explique sur sa condition d’otage (de mai 1985 à mai 1987) dans les geôles du Hezbollah au Liban et sur sa venue tardive à près de cinquante ans à l’écriture personnelle, le sentiment d’être hors cadre, sinon un usurpateur, du moins un écrivain de raccroc. Modeste et précis, lucide et toujours pertinent, journaliste que l’on connut jadis au « Matin de Paris » à la fois féru de politique et de vins, toujours passionné, Jean-Paul s’exprime et s’explique ici avec tranquille passion froide. « J’écris pour faire disparaître ma condition d’ex-otage et en même temps je ne veux pas qu’on l’oublie « , glisse-t-il ici avec fermeté et sûreté. On lire ou relira tous ses livres avec profit. On aura le droit d’avoir une affection toute particulière pour « Remonter la Marne », où JPK remonte le cours du fleuve de la banlieue parisienne à sa source vers Langres, croisant un voyageur nippon qui trinque avec lui sur le chemin avec une coupe de champagne (en plastique, tirée de son sac, celui du randonneur japonais et passionné) et aussi pour cette méconnue Courlande, retrouvée avec chaleur et ce patient goût du mystère qui n’est qu’à lui, pour « Outre Terre », aussi sur les traces de la grande boucherie d’Eylaun, sans négliger les traces du Colonel Chabert. On aimera, aussi, bien sûr, glisser entre les murs de la « Maison du Retour », où l’ex-otage s’interroge sur son passé et ses racines dans un cadre où les pins lui apportent un nouvel oxygène. Et, enfin, beaucoup découvriront, avec profit « le Bordeaux retrouvé », magnifique premier texte publié, hors commerce, par les Relais & Châteaux, sur les lendemains de sa libération et ses retrouvailles avec le vin, son goût, sa magie, son pouvoir, ses charmes, ses traces, comme une tremblante métaphore. Ne loupez pas ces « Zones limites » !

Zones limites, de Jean-Paul Kauffmann (Bouquins, 1152 pages, 32 €).