Si vous suivez ce blog avec fidélité, vous connaissez Bénédicte Belpois dont on a déjà évoqué ici les deux premiers livres. Après « Suiza » et « Saint-Jacques », voilà son troisième opus. Le cadre : l’Espagne des montagnes, des collines et des vignes d’Estrémadure où le héros, Gonzalo, s’étiole. Il refuse de faire son service militaire dans l’armée post-franquiste, quitte son père, viticulteur et autoritaire, s’enfuit vers Munich, transite par la France, se trouve coinçé à Lyon, enrôlé dans la légion étrangère pour échapper à une dangereuse extradition, tombe amoureux de Fanfan, belle africaine, qu’il fuira à son retour pour faire son retour au pays. Et dans son village qui va lui révéler ses secrets : un médecin nommé Guépard, Mange-Miette, El Dueno, Chico et les autres, un enfant solitaire et autiste (« El Silencio »), une prostituée de Madrid (« la Nina ») qui a fui son destin cruel, deux amis qui transforment leur complicité en tendresse et plus, une fiancée potentielle  … Mais Gonzalo, dans ce retour aux sources, a bien du mal à trouver sa place, et à regagner l’envie de vivre… Bénédicte Belpois retrouve là l’Espagne, comme les jeux de l’amour et de la mort, de « Suiza » et les tourments familiaux de « Saint-Jacques« . Elle démontre que son oeuvre avance pas à pas en approfondissant ses thèmes, en affirmant sa démarche. Et sait, à merveille, se couler dans les vies de ses personnages qui parlent tout à tour, non comme dans un choeur antique avec emphase, mais avec humanité, chaleur et leur voix propre, évoquant les failles de leur vie avec franchise. Voilà un bien joli roman choral, à la fois complice et complexe.

Gonzalo et les autres, de Bénédicte Belpois (Gallimard, 200 pages, 18 €).