Elle est jeune, drôle, vive, rebelle, n’aime pas les jeunes, préfère les vieux, a dix huit ans, lui près de quarante ans de plus. Elle est apprentie comédienne, assidue au cours Simon, elle est séduite par ses cheveux en bataille, son côté sauvage, ses chansons romantiques, sa personnalité, son vrai talent, ces airs que l’on fredonne toujours aujourd’hui:  « Comme un p’tit coquelicot »,  « Un jour tu verras », « Mon pote le gitan ». A elle, il dédiera « Au Long des Jours« , qui donne son titre au livre. Nathalie Rheims se souvient, près d’un demi-siècle plus tard, de cet amour sans lendemain, qui lui laissera souvenirs et regrets. Une photo glissée par soeur Bettina l’aidera à faire revivre le souvenir. Voilà qu’elle raconte à sa manière chatoyante, vive, emportée, cet amour fugitif et tenace, emporté mais caché. L’écart d’âge, l’indifférence de son père, qui ne pense à courir le guilledou, se contente de la croiser dans leur vaste appartement, les liens libres de Marcel Mouloudji, chanteur et écrivain, parolier et  mémorialiste, éditeur de ses propres oeuvres, toujours lié à son épouse que Nathalie rencontrera chez eux au cours d’un repas homérique organisé par cette dernière : tout cela se raconte sans fard, quoiqu’avec pudeur, avec une émotion sensible, fraîche, durable par l’auteur de « ma vie sans moi« , qui la chic de raconter sa vie comme un puzzle éclaté.

Au long des jours, de Nathalie Rheims (Editions Léo Scheer, 176 pages, 17 €).