Caméléon d'Arabian

Michel Bernardaud et Jean-Paul Arabian, veillés par Albert Sebag © GP

Repas ce midi chez Jean-Paul Arabian. Pas grand monde, mais clientèle de choix, comme Michel Bernardaud, roi de la porcelaine de Limoges, qui vient s’y délecter d’un risotto Arborio aux légumes (verts) du jour à tomber par terre. Et Albert Sebag, mon commensal, mon demi-frère (séfarade) en journalisme, chef de service culturel au Point, rédacteur en chef des fameux spéciaux du Point dits « Grand Angle », dit « Albert Souffre » pour les copains. Qui a passé là un moment de grande joie, une fois n’est pas coutume. Le lieu, avec ses stucs, son bar, ses banquettes colorées, vaut d’être redécouvert pour sa cuisine alerte, son accueil désopilant, son menu du déjeuner à 26 €.

Au programme aujourd’hui: impeccables poireaux vinaigrette, vitello tonnato ou (frais) carpaccio de daurade, blanc de cabillaud poêlé aux petites girolles (superbes) et pommes grenailles, haddock fumé au beurre citronné ou steak au poivre avec frites et salade. En dessert, un triffle de fruits rouges à l’anglaise avec sa crème vanille à se pourlécher. Et un « tout noir » au chocolat (mousse léger, sorbet cacao, sauce bitter) à faire craquer un timbré du genre. Bref, on se demande ce qui manque à la maison pour connaître le succès à feu continu. Avec un morgon de Lapierre, qui pourrait être remboursé par la sécu, pour son côté gouleyant, festif, fruité en diable, joyeusement antidépressif, et une bouteille de Châteldon, on laisse 98 € dans la soucoupe pour deux en disant merci à la compagnie.