La « vie privée » très publique de Patrick Besson

Article du 25 novembre 2022

On n’est pas assez au fait de l’actualité intime de Patrick Besson pour savoir si le titre de son dernier roman s’applique à lui-même. Même si le narrateur a, à peu de choses près, son âge, s’il exerce le même métier, s’il est d’origine étrangère (mi-turque et non mi-croate, comme PB, ainsi que nous l’avait révélé « Dara »), s’il aime les femmes russes et les slovaques (même de couleur), à peu près comme lui. Ou ce qu’on en devine… Toujours est-t-il que cette vie intime proche du désastre qui inspire ici notre héros – lâché par sa femme, puis sa maîtresse, qui devient philosophe, un brin acrimonieux – est assez mordante pour faire un roman vif, drôle, grinçant, avec moult considérations sur la vie d’auteur et ses rapports avec les éditeurs – ceux ayant la même attirances pour les belles et jeunes étrangères. Son roman croustillant se truffe ainsi de nombreuses phrases qui courent vers l’aphorisme. Ainsi  : « Les éditeurs sont plus intelligents que les écrivains. La preuve : ils font des livres sans devoir les écrire« . Ou encore : « Un éditeur est un agrégé qui a les mains sales d’un garagiste ». Sans oublier : « Les éditeurs sont riches, les écrivains sont pauvres, pourtant les premiers  sont plus malheureux que les seconds. Plus amusant d’écrire que d’éditer. Avoir une belle vie ne suffit pas pour être de bonne humeur ». On suit Patrick Besson depuis ses débuts (« les Petits Mots d’Amour », « la Maison du jeune homme seul »). Et il ne déçoit jamais. Cette solitude du coureur (de jupons) de fond mué en auteur mélancolique se croque comme une friandise.

Scènes de ma vie privée, de Patrick Besson (Grasset, 192 pages, 19 €.)

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Publié le 25 novembre 2022 par

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