Boutique Hénaff
« Pouldreuzic : le pâté Hénaff, mythique et bigouden »
En 1907, Jean Hénaff, agriculteur à Pouldreuzic, au cœur du pays bigouden, construit une conserverie de légumes et se fait connaître avec ses petits pois. En 1915, pour occuper les périodes d’inactivité, il imagine un pâté de porc, intégrant tous les morceaux du cochon, y compris les plus fins, filets et jambon. Un siècle plus tard, Jean-Jacques et Loïc, ses petit-fils et arrière-petit-fils, continuent son œuvre. La recette est identique, si le produit s’est diversifié, avec sa cinquantaine de saucisses, petits pâtés, salades, souvent destinés à l’étranger. Employant 187 personnes, se chargeant de l’abattage des porcs dans des conditions draconiennes qui ont précédé les normes européennes, la maison Hénaff est l’une des deux entreprises a avoir obtenu l’agrément permettant l’exportation de produits à base de viande aux USA.
La petite boîte ronde, bleue et jaune, fabriquée à Douarnenez, demeure. Elle contient le précieux pâté au goût fin et à la texture nette. Les marins (qui l’ont baptisé le « pâté du mataf ») comme les gourmands bretons en ont fait une de leurs nourritures fétiches. En salade, pain perdu, tourte, chausson, il se prête, à toutes sortes de recettes délicieuses. Mais les Hénaff, qui vivent avec leur temps, ont su diversifier leur offre, vendant et produisant également des conserves de thon germon à la tomates, de truite aux petits légumes, de maquereau au vin jaune aux aromates, aubergine au thym et basilic, pois chiches au sésame et jus de citron, poulet tandoori ou porc tex-mex, sans oublier une mousse de canard, ainsi qu’une exquise terrine de campagne à l’andouille et aux pommes. Maurice Rougemont, notre photographe complice en quête du « Meilleur de la Bretagne », est allé à la rencontre du dernier Hénaff de la dynastie…
Rencontre avec Loïc Hénaff dans la maison de son grand-père, le fondateur des pâtés du même nom. Nous sommes à Pouldreuzic, qui fut aussi le village natal de Pierre-Jakez Helias, l’auteur du Cheval d’Orgueil dont la maison est là, tout à côté. Avec notre hôte, nous parlons du livre mythique qui avait tant frappé les esprits dans les années quatre-vingts. Tout en parlant, Loïc Henaff étale le pâté sur une tranche de pain. Le jour se lève et la lumière métallique si caractéristique de la région vient gratter les aspérités du granit évoquant l’austérité bigoudène. Nous pensons à la terrible « chienne du monde », l’expression de Pierre-Jakez pour parler de la misère qui jadis avait hanté la région. Nous en sommes loin ! La tartine de pâté est prête et LoÏc Henaff nous la tend. Nous la dégustons dans le silence qui s’impose.
Cette petite boite bleue a sauvé ma jeunesse de pensionnaire à St Brieuc ! C’était la petite madeleine de Proust cachée sous l’oreiller des grands dortoirs de Saint Charles