De Sébastien Lapaque, auteur d’un « Guide Lapaque des vins de copains », on avait adoré son éloge de Marcel Lapierre et son Room Service, rédigé avec la complicité d’Yves Camdeborde. Avouons tout de go qu’on s’est régalé tout autant avec ce « On aura tout bu », recueil de chroniques, savamment liées entre elles, qui donnent le sentiment de voyager dans les vignobles en compagnie d’un amoureux de Jacques Chardonne, de Georges Bernanos et de … Jules Chauvet. On en revient toujours aux mêmes exquises obsessions que ce funambule de l’écriture qui jongle si bien avec les mots et le vin, la morale et les cépages (« Sans morale, il n’y a pas de vin de Bordeaux, ni de style. La morale, c’est le goût de ce qui est pur et défie le temps : c’est le mépris du relâchement. »  disait Chardonne), les terroirs et les époques, transporte dans toutes ses pérégrinations. On le suit à Rennes, le temps d’un aller en TGV et d’un apéro en cave, on découvre, avec lui, Anselme Sélosse, « le Picasso du vin« , on flirte avec la Vendée aux cotés de Thierry Michon et l’on est prêt à se rallier à sa bannière lorsqu’il évoque un bordeaux hors piste (château le Puy), le souvenir de Gérard Oberlé et un voyage avorté vers le Clos Rougeard (qui fit sur un parking avec un « mac’do »… et un bourgueil). On verse une larme pour l’immortel Jean-Claude Pirotte, l’auteur des « Contes Bleus du Vins », évoqué ici avec amitié, ferveur, émotion et tendresse. Littérature (« litres et ratures« , aurait dit Antoine Blondin) font ici merveilleux ménage. Voilà un livre à lire, à boire, à relire, à mâchonner. Parfait sur une table de chevet, en cave et dans un sac de voyage intrépide.

On aura tout bu, de Sébastien Lapaque (Actes Sud, 352 pages, 22,80 €).