Erckmann-Chatrian

C’est une maison de tradition qui fait sa mue. Elle trône avec superbe sur la grand place de Phalsbourg imaginée pour les parades militaires. Est dédiée aux deux écrivains locaux et longtemps amis à qui l’on doit, entre autres, « Madame Thérèse », « l’Ami Fritz » et « le Conscrit de 1813 ». Le cadre est cossu, les boiseries font de l’effet, l’argenterie rutile, la mise de table est soignée. Netty Richert assure un service de charme avec célérité, tandis que son mari Roland, vieux biscard des fourneaux, rompus aux us et coutumes des traditions alsaco-lorraines,  veille les belles assiettes avec efficacité. Bref, on y est vite à l’aise, qu’on vienne goûter les propositions du plat du jour alerte à 13,50 € (hier: pastèque et féta, cordon bleu de dinde, tarte aux questches) ou les suggestions du moment au fil du temps.

La nouveauté? Un jeune second, venu du Palais à Biarritz, donne un tour neuf, un brin sudiste (version Sud Ouest), léger, frais, primesautier aux mets qui étaient jusqu’ici fort classiques. Des exemples? La jolie déclinaison de tomates, malicieuse et maraîchère, croquante et juteuse, ou le jambon noir de Bigorre comme le foie gras aux figues, le tartare de thon au sésame (ou le pavé de thon avec ses légumes au wok), sans omettre les gambas marinées au citron vert aux légumes thaï, qui jurent, sans provocation, avec les « hors d’oeuvres riches »,  le blanc de turbot au champagne, le tournedos Rossini et l’entrecôte Vieux Strasbourg, ici de tradition.

Le veau, proposé en mignon et ris aux petits légumes printaniers et girolles fraîches, comme le tronçon de chevreuil en croûte de chocolat noisettes sont, certes, plus terriens, mais légers et fins. Et le joli mojito glacé et  son cigare en chocolat font une issue tout en légèreté.

Les vins vont de l’avant (champagne brut de Billecart-Salmon, puligny-montrachet d’Olivier Leflaive, domaine de la Requète en châteauneuf du Pape) et la kyrielle de jolis menus à tous les prix donnent envie d’y revenir voir de près.