Gonzague Saint-Bris, le dernier dandy

Article du 18 août 2022

A l’époque des « Nouveaux Romantiques », il ressemblait à Musset. A la fin de sa vie, il était davantage le portrait de Balzac. Manière de dire que le dandy avait forci. Mort sur une petite route du pays d’Auge en août 2017, éjecté de la voiture de son amie Alice car il refusait le port de la ceinture, Gonzague Saint-Bris aura laissé derrière lui un fort parfum de séduction brumeuse. Jean-Claude Lamy, qui l’a bien connu dès ses débuts au Figaro – mais on se souvient aussi de ses « chuchotements » dans « Elle -, souligne l’ambivalence du personnage. Donnant du « mon meilleur ami » à Jean-Marie Rouart en même temps qu’à quelques autres, cultivant les honneurs, échouant à l’Académie Française à cinq reprises, gagnant l’Interallié pour « les Vieillards de Brighton » créant la Forêt des Livres, « woodstock » ligérien à Loches, louant Michael Jackson, Balzac et tant d’autres, il jouait l’aristocrate rebelle comme d’autres les guerriers de la mode. Historien, biographe prolifique, dictant ses livres dans sa « folie » du 8e arrondissement qu’il avait meublé comme un musée, naviguant entre le Clos Lucé et les palaces de Deauville, cousinant avec son frère ennemi Jean-Edern Hallier, mégalo, égotiste, aventurier des radios libres (radio mégal’O), faisant de sa vie une oeuvre d’art baroque où l’on peut tout trouver, jouant de sa mémoire comme d’un instrument, en virtuose, GSB se sera fait autant de contempteurs et d’ennemis que d’amis et défenseurs passionnés. C’est ce personnage composite qui ressort ici, avec humour, richesse, éclectisme et tendresse. Comme une sorte de stèle posthume tempérée par l’ironie et l’amitié.

Gonzague Saint-Bris, le dernier dandy, de Jean-Claude Lamy (l’Archipel, 250 pages, 20 €).

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Publié le 18 août 2022 par
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