Le Bistrot du mois – Paris 10e : riant Casimir !
Chez Casimir ? C’est le bon bistrot ludique, rigolo, sympa de Yannick Aubrée, pile du côté de la Gare du Nord. On connut jadis Thierry Breton, qui fut le restaurateur conquérant de la rue de Belzunce, juste derrière l’église Saint-Vincent-de-Paul, alors qu’il possédait chez Michel et la Pointe du Groin. Il a cédé ce vrai bistrot parigot il y a quelques mois à Yannick Aubrée, qui posséda jadis « l’Oiseau sans Tête » rue Beaurepaire, près du Canal Saint-Martin, et a racheté également l’Enchotte devenu « Chez Marius » à quelques pas de là, rue de Chabrol, près de la Gare de l’Est.
Comme chez Marius, Yannick Aubrée a donné une petite tonalité transalpine à la cuisine de son vrai bistrot à l’ancienne, qui avec son zinc, ses cuivres, ses nappes à carreaux, son sol de mosaïques garde l’aspect d’un rade à la parisienne, pile comme avant. En cuisine, officie un duo italien : Fabio Piras de Varese et Maria Canovi de Reggio-Emilia, qui composent une petite musique parigote légèrement « twistée » au fil de références italiennes amusantes.
Ainsi l’oeuf mayo est revu façon mimosa avec sa mayonnaise « tonnato » (thon et câpres, comme pour un vitello tonnato). Dans le même sens, l’aubergine parmigiana voisine là avec les gnocchis garnis de thon et langoustines en guise de plat du jour. Mais le « fish & chips » de merlu avec ses frites fines et sa sauce tartare aux algues, la belle terrine de campagne, la ris de veau croustillant sauce vierge jouent là une petite musique franco-française de qualité.
Une petite erreur peut se glisser ici ou là, comme cette bavette d’aloyau Simmental dure comme une vieille semelle – c’est le propre d’une maison qui ouvre 7 jours sur 7 et joue les prix modestes comme le menu sage qui rameute les ouvriers qui s’affairent à embellir la place aux abords. On ajoute que l’ardoise change. Que les huîtres dites « belles de Kavod » font des heureux, comme le gaspacho de légumes du moment ou encore la belle caille des Vosges, avec sa crème de céleri et ses endives braisées, cuite en cocotte.
En dessert, on hésite entre le riz au lait à la vanille de Madagascar avec son caramel au beurre salé, le brioche perdue caramélisée avec sa glace vanille, le délicieux Paris-Brest-Paris avec sa fine crème mousseline à la noisette du Piémont ou encore le millefeuille aux fraises et son coulis. Reste que la belle assiette de fromages affinés de tous les terroirs a ses amateurs. Le pain vient de chez l’ami et ex-propriétaire Thierry Breton devenu boulanger et fournisseur de ses amis restaurateurs, et dont les jolis effluves de levain embaument le quartier.
La terrasse donne le sentiment d’être à la campagne. Le service, qui a du répondant, est vite complice. L’ardoise du jour est écrite à la main de pittoresque façon, comme une suite de dessins à l’ancienne, vifs et colorés. Quant au choix de vins chuchotés au bouche à l’oreille, il ne manque pas de ressource et se découvre riche en jolis flacons. Comme ce juliénas dit « …100% », signé Guy, Annick et Yann Bertrand à Fleurie, qui coule en bouche comme du velours. La joyeuse maison qui rend heureux !
Chez Casimir
Métro(s) proche(s) : Gare du Nord