Le Cerf
« Marlenheim: la gloire du Cerf au temps de l’Ami Fritz »
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Pour un fringant retour en Alsace, j’ai choisi le folklore sans tapage, la tradition sans oeillère, la gourmandise, mais joliment enracinée. Bref, c’était hier, à Marlenheim, comme chaque année, la fête de l’Ami Fritz.
On célébrait en grandes pompes, et force costumes de cérémonie du siècle passé, le mariage du joyeux Fritz Kobus et de sa servante Suzel, comme dans le roman indémodable d’Erckmann-Chatrian. A cette occasion, Michel Husser qui tient depuis belle lurette la demeure vedette de ce beau village vigneron – le premier de la route du vin d’Alsace – avait imaginé un menu à sa manière, entre novation et tradition.
Les petits nems de tourteau en amuse-gueule, le tataki de thon rouge au sésame avec ses makis de quinoa, son écume de citron au curcuma jouxtaient la terrine de foie gras de canard (de la voisine ferme de la Plume d’Or) au chutney de mirabelles ou les cèpes du moment avec son petit velouté de crème de cèpes, mariées d’insolite piquante façon aux mirabelles d’Alsace dénoyautées et poêlées.
Le lieu jaune cuit à l’unilatérale, avec son minestrone de légumes au citron confit et aux épices douces voisinait avec l’impériale choucroute nouvelle de la dernière récolte avec son cochon de lait laqué dans tous ses états, plus un boudin à la cannelle et un foie gras chaud et fumé dont je ne vous dis que ça.
Les vins au verre, qui escortaient ces mets de tradition, nouvelle et ancienne, jouaient l’Alsace dans ses grandes largeurs, mais pas seulement, sous la houlette de la petite et malicieuse sommelière Audrey Schenherr. Le muscat Altenberg grand cru de Mochel à Traenheim, le pinot gris d’Anne-Marie à Bergbieten, le pinot blanc de Kientzler à Ribeauvillé (eh oui, du Haut-Rhin, histoire de démontrer au Cerf qu’on a le coeur large), sans omettre le meursault boisé et noiseté de Genot Boulanger et le riesling Rittersberg élégant et minéral de Bernhard-Reibel à Châtenois. Bref, que des choses exquises et vives.
Les desserts? Des mirabelles pochées avec une glace caramel aux épices, un kougelhopf en pain perdu, plus une fringante espuma de tomates vertes: de quoi vous remettre les idées en place et vous donner l’idée d’une Alsace gourmande très au fait du temps présent.