Monsieur Dior
« Paris 8e : les délices de Monsieur Dior »
Bluffante ! On attendu quatre mois avant de découvrir la table de Jean Imbert gérée par Anthony Clémot chez Dior, à l’angle de l’avenue Montaigne et de la rue François Ier. Il faut dire que le p’tit Jean qui ne chôme guère avait accumulé les nouveautés sur le trottoir d’en face, au Relais Plaza, à l’enseigne de « Jean Imbert au Plaza Athénée » et à la Cour Jardin. Reste que cette table-ci n’a rien à envier à ses vraies voisines et fausses rivales.
La beauté du décor dans un cadre de boutique/galerie en étage, claire, lumineuse, aérée (signé, eh oui, Peter Marino, à qui on doit déjà le Cheval Blanc dans la Samaritaine face au Pont Neuf) n’a d’égale que la qualité de la mise de table (signée Dior…) et du service qui parvient à être chic sans être coincé, relax sans être trivial, pédago avec mesure et élégant avec décontraction. Bref, il y a là un air de bonheur et de complicité qui circule du bar/comptoir à la salle sans effort.
Côté cuisine, une équipe fort sérieuse est aux commandes sous la houlette d’Anthony Clémot qui fut, deux décennies durant, le second, l’ombre et le lieutenant d’Antoine Westermann, d’abord au Buerehiesel, alors trois étoiles strasbourgeois – où Jean Imbert accomplit jadis un stage – puis chez Mon Vieil Ami dans l’île Saint-Louis et chez Drouant, veille sur l’ensemble avec un soin constant. La carte mêle habilement fraîches salades, plats à grignoter façon snacking, jolis légumes, mets iconiques tirés de vieux cahiers de recettes de Christian Dior – et l’on sait que le gars Jean aime jouer les archéologues du goût de toujours -, plus quelques mets au goût du jour ou issus de la tradition.
Les bons exemples de ce que vous goûterez là? De subtiles langoustines crues aux agrumes, d’exquises tomates confites avec straciatella et basilic, un concombre façon tzatziki, revu en « concombre colle noire », rebaptisé ainsi en l’honneur d’un domaine grassois de Christian Dior, dont il tira jadis un parfum fameux, avec son concombre émincé, yaourt grec et piment, plus un incroyable turbot à la cubaine cuisiné au rhum, cuit à la perfection, flanqué de légumes méditerranéens.
On y ajoutera le « croque New Look »‘, autrement dit de minis croque-monsieur, avec jambon, comté et parfum truffé, plus le tourteau de Granville, avec avocat et pamplemousse, qui ressemble comme un frère ou un cousin à « l’avocat classique » de To-Share, mais où l’oeuf dans l’avocat frotté au charbon végétal est remplacé, grâce à une habile prouesse technique, par du crabe fort bien assaisonné. Et l’on n’oubliera pas de louanger cette divine surprise que constitue le splendide risotto aux légumes verts et herbes issu de riz arborio cuit al dente, digne d’une grande table italienne.
On achève sur une des jolies pâtisseries signées du maître ès douceurs maison, Romuald Bizart, ancien pâtissier d’Antoine Westermann et de l’Alcazar, comme l’impeccable flan à la vanille Bourbon ou la tarte aux fraises, basilic et chantilly vanillée. Plus les jolies glaces turbinées minute comme la vanille ou la pistache avec leur « topping » pistache ou noix de pécan. Et, côté vins, sur une carte éclectique, on pioche quelques pépites, tel l’élégant marsannay « En Ouzeloy » 2018 du domaine René Bouvier ou l’excellent bourgueil Jour de Soif du domaine du Bel Air. Réservez ! Il y a du monde…
Turbot à la cubaine, il ne me semble pas qu’il y ait du turbot dans les eaux cubaines, du thon et de l’espadon c’est sûr !