Le beau lundi de Camille Andrea
Son père tient une pizzeria et nourrit de maigres ambitions pour lui. Noah D’Amico, dix ans, veut, lui, devenir le premier enfant métis président (« afro-italien ») des USA. Il se bat pour abaisser l’âge de l’élection et résoudre les problèmes de chacun. En quatre secondes et cinquante centièmes, il pense pouvoir convaincre les concitoyens de son voisinage, à commencer par le vieux Jacob Stern, rescapé apparent de la Shoah, solitaire et veuf, impressionné par le bagout de ce jeune ambitieux. On ne vous dira pas ce qu’il en advint. Mais on notera que si Noah peut devenir président, Jacob n’est pas forcément celui qu’on croit. Le mystérieux Camille Andrea, à qui on doit un amusant récit sur le sourire contagieux des croissants au beurre, nous piège avec plaisir dans ce conte philosophique sur le pouvoir de convaincre, l’exigence de justice et le goût de la vérité, à travers le prisme déformant de l’imagination. Lecture réjouissante, pari réussi.
Le plus beau lundi de ma vie tomba un mardi, de Camille Andréa (Plon, 220pages, 19 €).