Chez Julien
« Paris 4e : en terrasse chez Julien »
On connaît de longue main cette ancienne boulangerie muée en bistrot chic, nichée face à l’Ile Saint-Louis, qui reçoit à toute heure ou presque une clientèle composite qui vient croquer sans prise de tête des mets classiques fort joliment revus. La maison est classée, séduit avec son plafond en fixé sous verre, ses banquettes rouges accueillantes, ses lustres et appliques Art nouveau, son ambiance douce et feutrée.
Son chic, aux beaux jours ? Sa vaste terrasse, face au quai de Seine et le Pont Louis Philippe, qui s’allonge sur la montante rue des Barres, près de l’église Saint-Jacques de la Boucherie. En cas de ciel bleu, le cadre est idyllique et ferait presque oublier la cuisine qui joue le « tradi » sans reproche sous la gouverne du sage Helmi Derbal, qu’on connut jadis à la Truffe Noire de Patrice Hardy à Neuilly et au Rendez-Vous des Camionneurs. Il a, certes, tendance à mettre de la truffe partout. Mais c’est signe de générosité. Quant au dynamique patron, Alexandre Chapon, qui possède aussi l’Enoteca rue Charles V, et est associé avec les Costes à la Plage Parisienne, il veille sur chaque client avec des airs de père souriant et protecteur.
Sur une carte malicieuse, on hésite entre croque monsieur à la truffe, tomate Jouno avec œuf (pas si) mollet (que ça) et coeur de burrata, délicat foie gras avec chutney de fruits (et truffe) plus graine de moutarde, filet de bar et asperges blanches ou encore carré d’agneau (un brin sous-cuit) avec haricots verts (également sous-cuits) et purée truffée. Un coup de chapeau à la glace maison joliment turbinée à la truffe et chocolat Valrhona. Mais le fondant au chocolat et glace vanille, les jolies glaces de l’homonyme maison Julien (pistache, framboise, vanille) ont aussi du répondant.
La carte des vins est d’une surprenante richesse. Et on déniche là dessus la splendide « syrah à papa » de Stéphane Montez, belle affaire, pleine de fruit, aux arômes de violette éclatante. Mais les rosés (le château Sainte Marguerite dans sa bouteille genre « lampe de méduse » et le château Saint-Maur à Cogolin) donnent le sentiment d’être quelque part en Provence, entre arrière-pays tropézien et côte varoise. Vive Julien et ses airs de grandes vacances !